coup de gueule contre la SNCF

comme à chaque mois de novembre et comme la plupart de mes consoeurs et confrères, je me suis rendue au pélerinage des dentistes, l'adf, au palais des congrès de paris.
j'avais acheté mon billet de train en spécifiant que je voulais le trajet aller le mercredi 26 novembre et rentrer le samedi suivant, sans préciser la date du samedi car je l'ignorais. et comme la guichetière sncf possède un calendrier sur son ordi, c'était plus facile pour elle. elle m'a donc vendu les billets, j'ai payé et elle m'a glissé les billets bien rangés dans une enveloppe. je suis repartie sans vérifier. or, le samedi du retour, il s'est avéré que le billet de retour avait été édité en date du 28 novembre, soit le vendredi et non le samedi comme je l'avais demandé. faisant confiance à la guichetière, je n'ai à aucun moment jugé nécessaire de vérifier. hélas, sachez que la sncf tamponne les billets dès que la guichetière vous les vend, de la mention '' ticket vérifié par le client". autrement dit, la guichetière, même si elle se trompe, ce qui a été mon cas, est hors de cause dès le moment où vous prenez possession des billets dans votre petite main innocente. et une fois dans le train, vous ne pouvez rien opposer , sinon votre colère, aux controleurs qui vous font repayer le billet plein tarif. autrement dit, vous payez deux fois pour ne voyager qu'une fois! belle arnaque de la sncf.
bref, dans le train, ça s'est mal passé et ça a failli finir au poste des flics tellement j'étais en colère. mon job n'est pas de vérifier le boulot de la guichetière sncf.
dorénavant, j'irai en avion.
mais pour celui qui n'en a pas les moyens , il se fera bais.. par la sncf.


lundi 9 février 2009

c’est la crise : y a plus de savon !

le pays va mal. Très mal. Il semblerait que ses habitants aient pris la décision de ne plus se laver. Pour faire des économies de gel douche ? à force de nous seriner avec toutes ces histoires d’écolos, les gens finissent par faire aussi des économies d’eau...de lavage. Et c’est pas beau à voir. En ce moment, je reçois des patients qui, il y a quelques années, prenaient soin d’eux. Mais là ça se dégrade fortement.
D’abord, M.L : une dent cassée. Pas venu depuis trois ans. Il ouvre la bouche au moment où mon assistante vient me rejoindre au fauteuil. Je lui fais un signe discret pour qu’elle s’en aille. Je lui épargne ce spectacle peu ragoutant. Pas rasé, probablement pas lavé non plus, ses dents sont ensevelies sous un demi centimètre de crasse. Des caries règnent un peu partout avec du pus qui remonte des gencives quand on appuie.
Je suggère un usage un peu plus intense de la chose nommée brosse à dents.
- « je ne brosse pas les dents. Je ne fais qu’au bain de bouche »
- « vous brossez avec du bain de bouche ? »
- « non, non. Je rince deux fois par jour au bain de bouche. C’est tout »
il semble fier de lui de faire semblant de nettoyer sa bouche deux fois en vingt quatre heures. Je regarde sa femme.
comment elle fait pour y mettre la langue ? elle l’y met pas. Alors il doit pas se passer grand chose en nocturne. Les nuits d’hiver doivent être fort longues. C’est peut être pour ça qu’elle est pas guillerette.
Comment lui expliquer gentiment qu’il faut brosser pour éliminer la crassouille ?
Tu vois, ta voiture ? t’attends pas que l’eau de pluie la lave. Tu frottes pour enlever la boue. Ben, les dents, c’est pareil.
- « le bain de bouche ne suffit pas. Il est utile pour assainir la gencive mais pas pour ôter la plaque. Il faut d’abord brosser et après rincer au bain de bouche »
- « ah bon ? »
vi. Tu vois, d’abord tu frottes avec le savon et après tu mets le sent-bon. On parfume pas la crasse. Il faut parfumer le bonhomme propre. Du temps du service militaire, au moins les mecs apprenaient ça. Tout se perd…

puis vient Frou-frou.
Oh, non !
Je chope mon assistante dans le couloir :
- « vous m’aimez pas ? hein, vous m’aimez pas ? »
- « mais ssiii… »
- « alors pourquoi vous me faites ça dès le matin ? »
Elle part en rigolant.
Frou-frou va pas bien. Elle a un crochet de son appareil qui se desserre. Et puis il faudrait que je revois le reste. Son problème d’abcès sous son bridge est résolu ( yes !), je resserre le crochet, ça va mieux ( yes !) mais quand même elle va pas bien ( et merd…). Par mesure de sécurité pour mon agenda, je ne demande rien. Néanmoins, elle me cause de ses tracas. Elle a beaucoup de ‘’chocs’’ en ce moment. Je ne veux pas savoir lesquels de ‘’chocs’’.
C’est sûrement pas ton mec qui te fait des ‘’chocs’’ sinon ça irait mieux. En même temps, je me demande comment il fait pour te supporter. Pour le pognon ? je pense pas. par charité ? quel grand homme. mais s’il pouvait te besogner de temps en temps, ça nous aiderait. Faudra lui en parler, à un moment.
Je lance donc ici un appel humaniste : mesdames et messieurs, s’il vous plait, occupez-vous des nuits de vos conjoint(e)s, amants, maris, maîtresses, concubines, compagnons, ami(e)s, pacsés, ou autre. Homo, hétéro ou bi, on se fout de la manière dont vous le ferez, du moment, de la durée et autres détails. Et si vous ne le faites pas vous-même, payez quelqu’un (y a plein de gens qui cherchent du boulot et qui ont besoin de fric en ce moment). Tout ce que nous voulons, nous les dentistes, médecins, psy, et aussi les coiffeuses, barmans, boulangères, c’est que vos moitié(e)s cessent de nous enquiquiner parce que la couleur du ciel ne leur plait pas. Faites-leur voir le ciel en bleu ou en rose mais prenez vos responsabilités ! baisez-les qu’ils(elles) arrêtent de nous casser les pieds ! Et le reste.
Pour en revenir à Frou-frou, son organisme va très bien. Du moins pour ce qui me concerne. Donc je l’enjoins à quitter mon cabinet.

Nous avons aussi reçu M.B. Il faut que je lui trouve un pseudo. Voyons grand maitre des chiants de l’univers ? MCU ? c’est pas mal, ça. Alors MCU est faché avec la lyonnaise ( des eaux). Il évite les robinets de peur de faire une allergie à l’eau savonneuse. Pourtant ce monsieur a un poste à responsabilité auprès du public. Si, si. J’aime bien discuter avec lui car il a de la culture générale et qu’il est intéressant. Mais je n’aime pas le voir en tant que patient. Il sent mauvais. Il fume, du tabac et des fleurs aussi, il picole. Voilà pour la présentation du personnage. Il a mal aux dents. Toutes les dents. Il est atteint d’une parodontite débutée grâce à la clope et entretenue par une absence régulière d’hygiène. Ses anciens dentiers ne passent plus en bouche car les dents bougent. Il va falloir extraire. Mais cela, il a du mal à s’y résoudre. Car il le vit comme une castration. Je comprends.
Mais même en arrosant, tes chicots, ils vont pas repousser.
Je le fais ouvrir la bouche et regrette aussitôt ma témérité.
Faut que je réfléchisse avant de prendre des risques sanitaires aussi graves !
Il a pas croisé de brosse à dents depuis un bon bout de temps. Je dresse le diagnostic, le plan thérapeutique et les différentes solutions prothétiques. Je fais un devis et re-fixe un rendez-vous. Pour plus tard. Et un devis cher.
Pour pas qu’il revienne !!!
Le soir même, il rappelle, il est d’accord pour faire refaire tous ses appareils.
Youpi. Non, là, c’est totalement sarcastique. No youpi du tout…
Donc lors du rendez-vous suivant, j’extrais deux dents qui ne servent plus à rien. MCU me demande de forcer un peu plus sur l’anesthésie. Au cas où.
Non mais , ça va pas, non ? je suis pas là pour te shooter.
Puis je fais des empreintes pour les modèles d’étude. Ultra simple. C’est comme une pate de chewing-gum, avec un goût pas désagréable, qu’on vous met dans la bouche pendant environ une minute trente. Ultra simple. Sauf avec l’ultra chiant MCU. Pour faire cette pâte, on mélange de la poudre avec de l’eau. Je prépare la pate moi-même, je ne veux pas que mon assistante soit là. Parce que si elle vient aussi, soit je vire le patient parce qu’il m’énerve et qu’il est dégueulasse soit j’explose de rire tellement il est chiant.
Donc je prépare ma pâte, j’arrive avec le porte empreinte et à ce moment il pose des questions.
Mais tu peux pas te taire une minute ?
La pâte prend en une minute trente, il faut faire vite ! je réponds à la question et prends l’empreinte du bonhomme qui, évidemment, se met à gigoter. Je suis obligée d’interrompre pour savoir ce qui ne va pas.
- « c’est froid. J’aime pas ça »
- « ben oui mais vous avez pas le choix. »
je recommence à préparer de la pâte.
- « c’est bon ? l’empreinte est réussie ? »
- « ben non, vous avez voulu arrêter alors il faut la refaire »
en règle générale, j’en refais très peu. C’est ultra simple à faire et ça se rate très rarement. Et je déteste refaire. Forcément, je fais la gueule.
Je reprends mon empreinte. Vu le regard que je lui lance, MCU comprend à travers mon masque qu’il a intérêt à se tenir peinard. Je fais l’autre empreinte
- « ah, bon ? il en faut une autre ? »
- « ben, vous avez des dents en haut et en bas, non ? »
- « ah ? ah, oui »
la séance est finie. Il s’en va. Je désodorise le cabinet à grand coup d’air wick et je sors carrément dans la rue pour respirer de l’air pur.

Les jours suivants nous avons reçu la visite de M.D. nous avions déjà reçu sa sœur. Ils vivent tous ensemble, trois frères et une sœur, tous vieux garçons et une vieille fille, dans la même maison. Dans les 70 piges, chacun. Je sens bien que Mlle mon assistante fait de l’effet à M.D.
Et allez ! encore un amoureux potentiel.
M.D m’annonce qu’il a perdu une couronne faite en…mai 1966 !
Bon sang, ça c’est du ciment.
Et puis lui au moins il se souvient ce qu’il faisait en mai 66. ça m’épate.

Je fais un bilan dentaire. Là encore, la crise du savon a sévi. Pourtant on a progressé depuis 1966. maintenant on a l’eau courante, l’eau chaude, le gel douche, le dentifrice, le sent-bon. mais bon, c’est pas pire que Mme L. environ le même millésime, elle perd son bridge antérieur.
- « ah, ben, non, ce n’est pas le bridge qui s’est descellé. Ce sont les dents que vous perdez »
- « non, non, elles se déchaussent un peu. »
- « non, madame, elles tombent »
fais gaffe de pas éternuer trop fort.
- « je suis comme maman, j’ai les dents qui se déchaussent »
- « c’est à cause du tartre et de la plaque que vous laissez s’amonceler »
- « non, non, je suis comme maman. J’ai les gencives qui se déchaussent »
je n’insiste pas. en même temps, la mère, je l’ai pas connue. Peut-être qu’elle aussi était pleine de tartre et pas propre.

A la suite de cela, nous avons reçu M et Mme D. A nouveau, j’ai évité à Mlle d'assister à ce spectacle : je pense que M.D ne s’était pas lavé depuis environ 5 jours. En tout cas, pas les dents. Pas rasé non plus. Mais il avait mis de l’eau de toilette.
Ça ne nettoie pas, le sent bon, combien de fois faut vous le dire ? et ça ne désinfecte pas non plus.
Il avait des soins à faire mais vu l’état de crasse, j’ai sommairement effectué un détartrage et je l’ai congédié. Beurk.
Hélas, le pire était à venir. Jeudi, une dame a demandé un rendez-vous en urgence car son bridge antérieur est tombé.
Encore !
Et là, nous avons atteint le summum de la crassitude. Des chicots partout, des appareils qui dansent la gigue car les dents supports ont laché, de la plaque, du tartre et une odeur de corps !
- « vous avez vu ? il y a du travail, hein ? »
- « oui »
- « avec moi, vous allez avoir du travail »
il y a d’innombrables choses à extraire puis nettoyer. Beaucoup. Beaucoup. Beaucoup.
C’est une catastrophe. Ça fait bien huit ans que j’avais pas vu ça. Ça doit bien faire douze ans que ces gens ne se sont pas retrouvés face à face avec un gant de toilette, ou pire, une savonnette.

Donc c’était la semaine des crados.

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