Ce matin, 7h11, encore au lit, le téléphone qui beugle.
!!!! complètement dans le caramel, kicé ?
c’est l’ouvrier qui doit fabriquer le portail chez moi ; il veut me montrer des modèles d’interphones.
Pourquoi pas…
- « quand ? »
- « j’arrive »
- « euh…quand ? »
- « de suite, je suis en route »
8h15 : il est là, chez moi, moi je sais pas trop bien encore où je suis et j’admire un interphone.
Waouh…géant.
Et il s’en va.
J’aime les lundi qui démarrent en trombe …pour rien.
Comme ça, au moins , je suis à l’heure au cab.
8h 45 : je me gare sur le parking du cabinet.
Dans sa voiture, un type m’attend, planqué sous sa moustache.
Je le reconnais pas ( ben , non, il n’est pas 9H00 et avant cette heure fatidique, je ne vois même pas les couleurs.)
Je rentre , dis bonjour à l’assistante :
- « bien dormi ? »
- « nan, mais j’ai vu des interphones ce matin. Et vous ? »
- « j’ai pas déjeuné, j’étais méga en retard, j’ai chargé les gosses dans la voiture pour aller à l’école avant de m’apercevoir que je m’étais trompée d’heure et qu’il était une heure trop tôt. Finalement, j’ai déjeuné »
ça, ça va être un bon lundi, on est déjà à donf.
Je regarde par la vitre, ça y est, je le reconnais : c’est M.G, spécialiste du lapin.
Il est incapable d’arriver à l’heure, toujours au moins 20 minutes de bourre, et en plus il rate régulièrement ses rdv, oublie de téléphoner pour s’excuser. Son dossier indique qu’il m’a planté trois ( trois !) rdv en 2007.
J’ai comme dans l’idée que ça doit chatouiller sec, s’il est en planque comme ça.
Il entre en tortillant. Il fait son malin.
T’es content, hein ? tu crois que tu vas nous foutre l’agenda en l’air, qu’on va te dérouler le tapis rouge, qu’on va décommander les autres rdv pour toi, hein ? ben non.
Il explique son cas désespéré à Mlle : il a mal à la dent que le docteur avait dit qu’il fallait soigner il y a plus d’un an. Réponse : on n’a pas de place avant quinze jours.
Je me charge de l’ordonnance et de lui dire qu’il m’a planté trois lapins.
- « ah ? j’ai oublié. Le travail, vous savez ce que c’est »
- « vous avez oublié les trois rdv ? et vous n’avez même pas téléphoné pour prévenir ni pour vous excuser. J’ai attendu pour rien. Alors maintenant, c’est vous qui attendrez. Je vous revoie juste avant Noël et ce sera pour extraire cette dent. »
point barre. De toute façon, il va pas venir, je le mets à 9h00 , comme ça , je pourrais arriver en retard ce matin là.
8h59 : coup de fil : le comptable n’a pas les papiers que j’avais dit que je porterai pendant le week-end.
Hé, il est même pas encore 9h00. il a dormi dans sa boite aux lettres ou quoi ?. J’ai fait ma compta dimanche soir de six à sept. Y a mieux pour passer sa soirée de fin de week-end. Je ne vis pas pour la comptabilité.
Ok, je ne mangerai pas à midi et je les lui porterai. Promis.
9h00 : ça démarre.
Plein de coups de fil, plein de gens, je prends ¼ h de retard, je déteste être en retard.
M.DJ me demande si je fais des couronnes en résine.
« à titre provisoire, oui, bien sur »
« non, non, de celles qui durent »
« des couronnes à incrustations en résine, celles qui sont moches, qui se cassent et sous lesquelles la dent se carie ? non. Ici, c’est métal ou céramique. Le plastique , c’est en provisoire. »
il conteste car toutes ses cérams faites je-sais-pas-où ont lâché alors qu’il est très content de ces résines car elles sont toujours dans sa bouche.
Vui, mais dans quel état !teintée, non hermétiques, pas adaptées. Une cata.
On n’est pas sur la même longueur d’onde , pas la peine d’insister, il veut avoir raison, je le laisse avoir raison. Pour les cache chicots misère, il ira voir ailleurs.
Je continue à prendre du retard.
Zut, zut, zut.
Finalement, j’ai presque une demi heure de bourre.
Au passage, je soigne le mari de mon assistante et on le charrie un peu une fois qu’il a la bouche entravée et ne peut qu’écouter. On discute des mecs du quartier, lequel plait à mon assistante, à part son mari, bien sûr.
Il rit jaune.
Bô, c’est juste pour le charrier un peu. Gnarf, gnarf, gnarf.
Il est midi bien passé, je file chez le comptable. Puis je tente de rentrer chez moi pour manger un morceaux, je fais réchauffer, je charge la fourchette, j’engloutis, !!!! un morceau de verre !!!!
???? que ça fout là, ça ?
pas le temps de jouer aux devinettes, tant pis, je mangerai mieux ce soir. Je retourne au cabinet.
On entame l’après midi sur les chapeaux de roues : une couronne provisoire à déposer pour une empreinte pour faire une vraie couronne ( en céramique). Je ne parviens pas à déposer la couronne résine ( !). Normalement, ça sort en deux minutes, j’y passe une éternité. je suis obligée de la découper. Je retouche ma taille de couronne, je suis fin prête pour prendre l’empreinte et oh ! miracle du progrès technologique de l’ère moderne : coupure d’électricité.
Ça faisait longtemps.
Pour prendre l’empreinte, ça ira. Espérons que ça revienne vite.
On prépare tout, je prends l’empreinte, il ne faut pas bouger pendant trois minutes trente. Une minute, une minute trente, deux minutes, la patiente se met à gesticuler, ça va pas. il faut la remonter, tout enlever, la faire rincer.
Ké ki va pas ?
- « je sais pas ce que j’ai»
- « je vous fais mal ? »
- « non »
- « vous avez peur ? vous avez eu peur de ne plus respirer ? »
comme si je jouais à étouffer les gens… pfff…pas avant d’être payée quand même.
- « non, non, c’est juste que j’étais pas concentrée. »
je prends sur moi, on va recommencer. Je suis à la bourre, ça devient une facheuse habitude. D’autant que le patient suivant est en avance, lui.
Allez, tout le monde se concentre bien , svp, on la refait. Moteur, ça tourne, action.
Ce coup ci, c’est fait, la dame n’a pas bougé. Et oh ! miracle, le courant électrique revient. Je refabrique une couronne provisoire. C’est fini pour cette fois. Elle s’en va.
La suite, vite, vite, à fond les manettes.
Le monsieur suivant a changé d’idée. Donc changement de plan de traitement. Il ne veut pas se séparer de sa vieille vilaine couronne, ils s’entendent trop bien tous les deux, elle lui plait bien finalement même si elle est affreuse et a largement fait son temps. C’est surtout que les gens ont de plus en plus la pétoche avec cette crise financière et économique qui n’en finit pas. Donc pas de sous. Pas pour ça.
Pas pour être beau du sourire.
Ensuite, nous faisons une pause. Avec Mlle, nous reparlons de nos péripéties matinales. En même temps que nous discutons, elle essaie d’ouvrir un tiroir d’un placard et arrache carrément la tablette avant. Le tiroir est tout en vrac.
Besoin de calcium ? magnésium ? vitamines ? faut le manipuler avec tendresse ce tiroir, bon sang, j’uis ai déjà dit. Avec tendresse, le tiroir !
Elle aurait pas du se lever aujourd’hui. Ça lui réussi pas d’être matinale. Je me marre de voir sa tronche. on est explosée de rire.
Un p’tit after eight pour la route ?
Suite et fin de la journée : je ne demande rien de trop périlleux à Mlle, ce pourrait être dangereux. Je voudrais pas qu’elle se blesse en travaillant à mes cotés. Je la laisse se reposer. Elle revient pour m’aider à finir la dernière patiente. Je me poile sous mon masque en repensant à sa tronche quand le tiroir lui est resté dans les mains.
Pffoouu… rude journée. Un lundi de folie. Ça promet une semaine pleine de surprises.
Je déteste les lundi. Je préfère les week-ends. C’est pas que j’aime pas travailler, c’est juste que je préfère me la couler douce. J’ai mal choisi mon métier, alors. Parce que dentiste, c’est pas de tout repos. Surtout les lundis.
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