coup de gueule contre la SNCF

comme à chaque mois de novembre et comme la plupart de mes consoeurs et confrères, je me suis rendue au pélerinage des dentistes, l'adf, au palais des congrès de paris.
j'avais acheté mon billet de train en spécifiant que je voulais le trajet aller le mercredi 26 novembre et rentrer le samedi suivant, sans préciser la date du samedi car je l'ignorais. et comme la guichetière sncf possède un calendrier sur son ordi, c'était plus facile pour elle. elle m'a donc vendu les billets, j'ai payé et elle m'a glissé les billets bien rangés dans une enveloppe. je suis repartie sans vérifier. or, le samedi du retour, il s'est avéré que le billet de retour avait été édité en date du 28 novembre, soit le vendredi et non le samedi comme je l'avais demandé. faisant confiance à la guichetière, je n'ai à aucun moment jugé nécessaire de vérifier. hélas, sachez que la sncf tamponne les billets dès que la guichetière vous les vend, de la mention '' ticket vérifié par le client". autrement dit, la guichetière, même si elle se trompe, ce qui a été mon cas, est hors de cause dès le moment où vous prenez possession des billets dans votre petite main innocente. et une fois dans le train, vous ne pouvez rien opposer , sinon votre colère, aux controleurs qui vous font repayer le billet plein tarif. autrement dit, vous payez deux fois pour ne voyager qu'une fois! belle arnaque de la sncf.
bref, dans le train, ça s'est mal passé et ça a failli finir au poste des flics tellement j'étais en colère. mon job n'est pas de vérifier le boulot de la guichetière sncf.
dorénavant, j'irai en avion.
mais pour celui qui n'en a pas les moyens , il se fera bais.. par la sncf.


mercredi 24 décembre 2008

Il était une fois….

Une dame agée dont la langue est vipérine.
Elle se faisait soigner par des confrères.
Ouf !
Elle vit dans mon quartier.
Pas bon, ça.
Par malheur ( pour moi ), elle s’est fachée après eux et a quitté leur cabinet.
etmerd...
Et évidemment, elle a jeté son dévolu sur moi.
Mais qu’est ce que j’ai fait pour mériter ça ?
Pendant quelques temps, j’ai réussi à la soigner de loin en loin. Ça se passait bien. Puis un jour, elle a décidé qu’il lui fallait un nouveau dentier.
Pas du tout envie de me lancer la dedans , va pas arreter de m’emmerd….
Aussi, ai-je tout fait pour sauver ce qui restaient de dents et de son appareil dentaire. Et surtout ne pas me farcir à faire un nouvel appareil à cette casse pieds notoire.
Mais, bon, je suis pas jésus christ non plus.
Malgré tout, elle a réussi à …égarer son dentier.
Je sais, c’est très fort.
Donc il lui en fallait un autre.
Mais j’ai pas d’bol , moi, des fois.
J’en ai fait un autre et j’ai traité les restes de dents : j’ai extrait ce qu’il fallait et traité les racines de ce qui pouvait être conservé.
C’était il y a un an et quelques.
Depuis peu, les commerçants du quartier m’ont rapporté qu’elle faisait un scandale dans leur boutique, me reprochant qu’elle avait « la gangrène de l’os des dents. Pareil que M.R ».
Mais qu’est ce c’est que cette histoire… et pourquoi je suis pas au courant moi ? si je suis la responsable de la gangrène, c’est quand même la moindre des choses que je sois au jus, non ? à moins que ce ne soit pas l’os des dents mais celui du cerveau qui gangrène.
D’autant que j’apprends qu’elle ne connaît pas le M.R en question et qu’ils ne se sont jamais parlé.
Tiens, tiens. Et comment sait-elle ce qu’il a dans la bouche alors ?
Parce que moi, je sais, je suis sa dentiste. Et aux dernières nouvelles, il va très bien.
Alors, j’attends. Mais rien ne vient. Juste le quartier rempli par des commérages à mon encontre. Mais je laisse dire.
Un, j’ai d’autres chats à fouetter, deux, la mauvaise réputation que peut vous faire une personne connue pour ses commérages ne peut pas vous porter préjudice, au contraire. Trois, je suis pas censée être au courant.
Finalement, elle appelle car elle veut ses radios pour porter à l’hopital où elle est suivie depuis un mois par un stomato. Ok. Quelles radios ?Elle sait pas. il lui a pas précisé. Il faut qu’elle fasse tout enlever par le stomato de l’hosto. Il lui faut donc la radio.
Ben, il a qu’à la faire lui-même, la radio, à l’hosto.
Et pourquoi n’est-elle pas venue me voir à moi ?Ah, non, non, c’est très grave. Il n’y a que l’hopital qui puisse la soigner.
Donc pour me casser les pieds avec ton appareil que t’avais paumé, je suis là, pour le reste, je suis qu’une bille.
J’attends. Quelques semaines après, elle rappelle. Un lundi.
- « c’est possible que ce soit vous qui me les enleviez mes dents ? parce qu’au cabinet du stomato, il faut monter des escaliers et je peux pas. j’ai 73 ans quand même. »
et puis, t’as pas envie, parce que le sto, il va te prendre une fortune. Alors tu reviens voir l’andouille de service. Ben, oui, mais l’andouille, elle en a marre.
Elle m’explique qu’elle a été hospitalisée durant un jour pour un bilan complet car elle avait mal a la tête. Et puis, ils l’ont relachée le lendemain, sans rien avoir trouvé, à part une probable infection. Des dents.
???? qd y a une infection dans la bouche, un, ça se sent, deux ça sent, trois, ça se voit en bouche, quatre souvent ça se voit à la radio.
- Z’avez gonflé de quelques part dans la bouche ?
- non
- z’avez mal ?
- non
- z’avez un mauvais gout ?
- non
- z’avez que’qe’chose qui va pas dans la bouche ?
- non
- ben, alors, où elle est l’infection ?
- je sais pas. c’est le médecin qui m’a dit ça.
- Il l’a vue où, l’infection, le médecin ?
- Je sais pas
- Z’avez les radios et les scanners de l’hosto ?
- Oui
- Venez.
Alors là, lecteur, accroches-toi bien.
Elle arrive. En voiture sans permis. Les essuies glace à fond les manettes. Il pleut pas…
En manteau rose. Rose un peu gris. En bonnet. Je connais pas cette couleur de bonnet. Je regarde tous les documents, entre deux patients. Y a rien. Tout est nickel. D’après les analyses sanguines, y a effectivement une infection. En tout cas, pas aux dents. Pas de gangrène de l’os des dents, non plus. Pas de cancer. J’ai pas le temps de l’examiner de fond en comble alors je re-fixe un rdv pour mercredi matin suivant.
Mardi 11h, elle se pointe. Heureusement, ma fidèle assistante lui explique les jours de la semaine : après le lundi, c’est le mardi et il faut attendre encore un petit peu pour arriver au mercredi.
Mercredi 11H : elle est là. avec les mêmes frusques. Aujourd’hui, je vais l’examiner. Pour cela, il lui faut monter sur le fauteuil. Elle fonce droit sur le fauteuil, le sac à main à la main. je le choppe au passage, pas la peine de me le déposer au pied du fauteuil, ça va géner. Pendant que je mets le sac à main sur le bureau, elle prend ses aises : elle ôte son manteau et l’installe sur le dossier du fauteuil dentaire.
Ah, voui, mais là, ça va gêner. Je me retiens de me marrer. Parce que quand je vais pencher le fauteuil, va y avoir le manteau qui va me servir de moquette…
je penche le fauteuil et effectivement, le manteau rose (ou gris, ça dépend de l’axe de la lumière), traîne au sol. Je l’enlève. Je l’examine ( la dame, pas le manteau, faut suivre).
Elle n'a rien. Même pas une minuscule carie.
En fait, je la rassure. Elle me parle alors d’Arnold.
????c’est qui , Arnold ?
c’est à cause de ça qu’elle a mal à la tête.
??? qui c’est Arnold ?
sa sœur a eu ça. Alors forcément, elle l’a aussi.
Ah ! le grand arnold, nerf cranien qui innerve la nuque.
Elle m’explique qu’elle a mal à la tête. Elle trace une ligne le long de son nez jusqu’à son front.
- « c’est le grand arnold, je vous dis. Il passe là et me fait mal à la tête et c’est à cause des dents. »
- non, rien à voir avec les dents.
Et pis, l’arnold, c’est à l’arrière du crane qu’il te chatouille, pas sur le nez.
Alors, elle m’explique que le médecin n’a rien trouvé alors il a évoqué un probable problème dentaire. D’où sa ‘’gangrène de l’os des dents’’. Je la rassure. Nous discutons longuement au sujet de ses céphalées et j’en déduis qu’elle souffre de migraine, tout simplement. Mais c’est pas à moi à poser ce diagnostic. Elle quitte le cabinet.
Petit coup de fil confraternel au médecin :
« la madame n’a rien aux dents.
Ah bon ? euh…
alors pourquoi vous lui avez bourré la crane avec ses âneries ?
ben, c’est parce qu’on a rien trouvé. Alors…
alors, vous avez chargé la consoeur dentiste. Je vois. »
Je m’en souviendrai.
Je pardonne à ceux qui m’ont offensé.
Mais j’ai la liste.

dernière semaine avant noël :

Qu’avons-nous fait ?
à part manger des after eights ? euh…ben, j’ai dévitalisé des tas de dents. Je sais pas pourquoi, c’est toujours par vagues. A croire que les gens ont les dents qui cassent ou des pulpites tous en même temps. Peut-être se mettent-ils d’accord entre eux ? « tu fais quoi cette semaine ? euh, ben, pas grand chose. On va à la piscine ? bof. Pourquoi pas une petite rage de dent et un tour chez la dentiste ? ah ouais, super idée, ça fait longtemps que je me suis pas pété une dent » et hop ! ils arrivent.
Mlle mon assistante s’est fait une copine. Nous étions en chirurgie, un mercredi matin. Le téléphone sonne. J’ordonne ( c’est mon petit coté autoritaire) donc j’ordonne qu’elle ne réponde pas et qu’elle continue à m’assister, ce qui est sa fonction première. C’est pour cela que je l’ai achetée. Donc elle ne répond pas et la personne discute sèchement avec notre répondeur.
- « bonjour. C’est mme C. il est 10H34 et votre message indique que le cabinet est fermé le mercredi à partir de 11H30. alors je ne vois pas pourquoi vous ne répondez pas. je veux un rdv jeudi prochain à 16h. au revoir. »
pourquoi on répond pas ? ben, peut etre parce qu’on a un peu les mains dedans, là, tu vois ?
mlle revient pas contente : pour qui elle se prend celle là ? elle se croit où pour exiger des rdv comme ça ?
je souris. Mlle rappelle illico et tombe sur le répondeur de la charmante dame.
- « bonjour, ici Mlle , l’assistante du docteur apolline. Vous avez essayé de nous appeler. Merci. Au revoir. »
et voilà, un prêté pour un rendu. Y va y avoir du sport….
Le lendemain, la dame rappelle. Sachant qu’elle veut un rdv le jeudi à 16h, mlle propose :
- « vendredi, 10H45. »
quelle peste ! je me marre doucement. En même temps, connaissant la patiente, ça lui fait un peu les pieds. Y a des gens qui pensent qu’on va leur dérouler le tapis rouge.

mercredi 10 décembre 2008

ils le font exprès, c'est un complot.

mercredi 10 décembre 2008
ce matin, je n’attends que trois patients pour des travaux suffisamment longs pour occuper toute la matinée. Seulement voilà, le premier ne se montre pas.
trois quart d’heures fichus en l’air. Pas même un coup de fil. Rien.
Le deuxième vient. Je fais ce que j’ai à faire et il s’en va. Ça, c’est fait.
Le troisième téléphone : il a un autre truc à faire donc il viendra pas. on rattrapera avec le rdv de la semaine prochaine. A condition que sa quenotte attende jusque là. l’assistante demande
- « vous allez bien ? »
- « euh oui. Pour l’instant je n’ai pas mal. Mais la dent s’effrite de plus en plus. Que faut-il faire ? »
- « ben, venir voir la dentiste »
pas dur, on t’a donné rdv exprès pour ça, tu vois. Sinon, tu peux essayer les prières mais c’est quand même plus hasardeux comme technique. Et pis, Lourdes, c’est qd même loin d’ici.
De ce temps, une dame vient prendre rdv pour son papa de plus de 90 ans. On lui demande s’il est au courant qu’elle lui prend un rencard.
- « pas vraiment. »
m’étonnerait qu’il se laisse trimbaler comme ça , le petit vieux. L’est peut etre antique mais l’est pas con. Il va avoir son mot à dire, le papi. Ça promet…
11h00 : matinée pourrie où nous n’avons rien fait. C’est alors que se pointe le patient de 9h00.
bijour, t’avais perdu ton chemin ?
il s’excuse et demande
- « je peux venir la semaine prochaine à la place ? »
- « oui, d’autant que le rdv est pris. »
par contre, à ce train là, ce sera pas fini pour noël. Tant pis pour lui. Je veux bien me dépêcher mais faut quand même que le patient y mette du sien aussi. Par exemple en venant à son rdv. Ils sont marrants, les gens. La dentisterie par télépathie, on n’a pas encore inventé.
Donc la matinée pourrie est finie, il est 11h20, on n'a rien fait. Je me change, je sors. Je vais en profiter pour passer à la banque puisque je n’en ai jamais l’occasion. L’assistante éteint derrière moi et se prépare à sortir.
Sur le parking, je monte dans ma voiture, je suis assise dans ma voiture, je mets le contact et tout d’un coup, j’entends :
- « docteur, docteur, vous partez ? »
- « oui »
- « ah, je veux un rdv. »
je regarde le cabinet. Tout est éteint.
Le monsieur insiste :
- « il est pas encore 11h30 et vous partez déjà ? »
m’enfin, je fais ce que je veux, nou di diou. C’est le seul avantage d’être libéral. Pas de compte à rendre à qui que ce soit, gérer son planning comme on veut.
- « vous auriez pu venir avant, non ? »
- « ben, oui mais j’étais chez ma fille et je discutais avec elle. Je me suis dit que je passerai en fin de matinée. »
on a rien glandé jusqu’alors et c’est maintenant que tu t’amènes ? ils le font exprès, je suis sure qu’ils le font exprès.
- « vous savez, vous m’aviez demandé de repasser deux mois après et maintenant ça fait trois mois. Alors, il est temps, maintenant. »
- « voui »
donc ça fait un mois que tu dois revenir, ça fait une matinée que tu tchatches avec ta fille et c’est au moment où je monte dans ma voiture que tu te radines. Ils le font exprès…
- « ben , là , c’est tout fermé, alors vous me rappellerez demain matin, hein ? allez à demain. »
et je m’en vais. Et qui je vois, explosée de rire, derrière la porte du cab ? Mlle mon assistante qui se moque de moi. On a rien fichu de la matinée et c’est au moment où je m’en vais qu’ils apparaissent….

mardi 9 décembre 2008

mardi 9 décembre 2008

rien de spécial , sinon deux annulations dont une pour le quatre heure. Super ! avec l’assistante, on s’envoie des after eights, c’est le fruit de saison, en papotant. Elle est peinarde, assise sur sa chaise. Mais j’entends comme un bruit dans l’entrée. J’ai comme un doute. Y aurait pas quelqu’un entré sans sonner ? je lui fait signe. Elle secoue négativement la tête : meuh, non, la patronne, faut arrêter de jouer à jeanne d’arc.
Mais j’entends encore un bruit. Mlle est assise en plein milieu du cab, en train de déguster son énième after eight, je me lève, ouvre la porte et découvre une dame qui se promène par là. une anglaise qui a pas pensé à sonner avant d’entrer.
C’est dingue ça, les anglais ne savent pas sonner, c’est à chaque fois pareil. Ils entrent sans rien dire et se promènent.
Je me retourne, Mlle me lance un regard interrogateur, elle n’a toujours pas compris que quelqu’un est dans le hall. Je regarde vers l’anglaise, aïe, aïe, aïe, elle arrive droit dans le cab. Hop, vite, je ferme la porte du cab où mon assitante continue son gouter sans se douter de rien. Je prends le rdv moi-même. Ouf, le pire est évité.
Mais bon sang, c’est écrit sur la porte « « sonnez et entrez ». pas compliqué de se signaler ! parce que se faire surprendre en plein goûter, ça fait désordre quand même.

lundi 8/12/8 : un lundi de folie.

Ce matin, 7h11, encore au lit, le téléphone qui beugle.
!!!! complètement dans le caramel, kicé ?
c’est l’ouvrier qui doit fabriquer le portail chez moi ; il veut me montrer des modèles d’interphones.
Pourquoi pas…
- « quand ? »
- « j’arrive »
- « euh…quand ? »
- « de suite, je suis en route »
8h15 : il est là, chez moi, moi je sais pas trop bien encore où je suis et j’admire un interphone.
Waouh…géant.
Et il s’en va.
J’aime les lundi qui démarrent en trombe …pour rien.
Comme ça, au moins , je suis à l’heure au cab.
8h 45 : je me gare sur le parking du cabinet.
Dans sa voiture, un type m’attend, planqué sous sa moustache.
Je le reconnais pas ( ben , non, il n’est pas 9H00 et avant cette heure fatidique, je ne vois même pas les couleurs.)
Je rentre , dis bonjour à l’assistante :
- « bien dormi ? »
- « nan, mais j’ai vu des interphones ce matin. Et vous ? »
- « j’ai pas déjeuné, j’étais méga en retard, j’ai chargé les gosses dans la voiture pour aller à l’école avant de m’apercevoir que je m’étais trompée d’heure et qu’il était une heure trop tôt. Finalement, j’ai déjeuné »
ça, ça va être un bon lundi, on est déjà à donf.
Je regarde par la vitre, ça y est, je le reconnais : c’est M.G, spécialiste du lapin.
Il est incapable d’arriver à l’heure, toujours au moins 20 minutes de bourre, et en plus il rate régulièrement ses rdv, oublie de téléphoner pour s’excuser. Son dossier indique qu’il m’a planté trois ( trois !) rdv en 2007.
J’ai comme dans l’idée que ça doit chatouiller sec, s’il est en planque comme ça.
Il entre en tortillant. Il fait son malin.
T’es content, hein ? tu crois que tu vas nous foutre l’agenda en l’air, qu’on va te dérouler le tapis rouge, qu’on va décommander les autres rdv pour toi, hein ? ben non.
Il explique son cas désespéré à Mlle : il a mal à la dent que le docteur avait dit qu’il fallait soigner il y a plus d’un an. Réponse : on n’a pas de place avant quinze jours.
Je me charge de l’ordonnance et de lui dire qu’il m’a planté trois lapins.
- « ah ? j’ai oublié. Le travail, vous savez ce que c’est »
- « vous avez oublié les trois rdv ? et vous n’avez même pas téléphoné pour prévenir ni pour vous excuser. J’ai attendu pour rien. Alors maintenant, c’est vous qui attendrez. Je vous revoie juste avant Noël et ce sera pour extraire cette dent. »
point barre. De toute façon, il va pas venir, je le mets à 9h00 , comme ça , je pourrais arriver en retard ce matin là.
8h59 : coup de fil : le comptable n’a pas les papiers que j’avais dit que je porterai pendant le week-end.
Hé, il est même pas encore 9h00. il a dormi dans sa boite aux lettres ou quoi ?. J’ai fait ma compta dimanche soir de six à sept. Y a mieux pour passer sa soirée de fin de week-end. Je ne vis pas pour la comptabilité.
Ok, je ne mangerai pas à midi et je les lui porterai. Promis.
9h00 : ça démarre.
Plein de coups de fil, plein de gens, je prends ¼ h de retard, je déteste être en retard.
M.DJ me demande si je fais des couronnes en résine.
« à titre provisoire, oui, bien sur »
« non, non, de celles qui durent »
« des couronnes à incrustations en résine, celles qui sont moches, qui se cassent et sous lesquelles la dent se carie ? non. Ici, c’est métal ou céramique. Le plastique , c’est en provisoire. »
il conteste car toutes ses cérams faites je-sais-pas-où ont lâché alors qu’il est très content de ces résines car elles sont toujours dans sa bouche.
Vui, mais dans quel état !teintée, non hermétiques, pas adaptées. Une cata.
On n’est pas sur la même longueur d’onde , pas la peine d’insister, il veut avoir raison, je le laisse avoir raison. Pour les cache chicots misère, il ira voir ailleurs.
Je continue à prendre du retard.
Zut, zut, zut.
Finalement, j’ai presque une demi heure de bourre.
Au passage, je soigne le mari de mon assistante et on le charrie un peu une fois qu’il a la bouche entravée et ne peut qu’écouter. On discute des mecs du quartier, lequel plait à mon assistante, à part son mari, bien sûr.
Il rit jaune.
Bô, c’est juste pour le charrier un peu. Gnarf, gnarf, gnarf.
Il est midi bien passé, je file chez le comptable. Puis je tente de rentrer chez moi pour manger un morceaux, je fais réchauffer, je charge la fourchette, j’engloutis, !!!! un morceau de verre !!!!
???? que ça fout là, ça ?
pas le temps de jouer aux devinettes, tant pis, je mangerai mieux ce soir. Je retourne au cabinet.
On entame l’après midi sur les chapeaux de roues : une couronne provisoire à déposer pour une empreinte pour faire une vraie couronne ( en céramique). Je ne parviens pas à déposer la couronne résine ( !). Normalement, ça sort en deux minutes, j’y passe une éternité. je suis obligée de la découper. Je retouche ma taille de couronne, je suis fin prête pour prendre l’empreinte et oh ! miracle du progrès technologique de l’ère moderne : coupure d’électricité.
Ça faisait longtemps.
Pour prendre l’empreinte, ça ira. Espérons que ça revienne vite.
On prépare tout, je prends l’empreinte, il ne faut pas bouger pendant trois minutes trente. Une minute, une minute trente, deux minutes, la patiente se met à gesticuler, ça va pas. il faut la remonter, tout enlever, la faire rincer.
Ké ki va pas ?
- « je sais pas ce que j’ai»
- « je vous fais mal ? »
- « non »
- « vous avez peur ? vous avez eu peur de ne plus respirer ? »
comme si je jouais à étouffer les gens… pfff…pas avant d’être payée quand même.
- « non, non, c’est juste que j’étais pas concentrée. »
je prends sur moi, on va recommencer. Je suis à la bourre, ça devient une facheuse habitude. D’autant que le patient suivant est en avance, lui.
Allez, tout le monde se concentre bien , svp, on la refait. Moteur, ça tourne, action.
Ce coup ci, c’est fait, la dame n’a pas bougé. Et oh ! miracle, le courant électrique revient. Je refabrique une couronne provisoire. C’est fini pour cette fois. Elle s’en va.
La suite, vite, vite, à fond les manettes.
Le monsieur suivant a changé d’idée. Donc changement de plan de traitement. Il ne veut pas se séparer de sa vieille vilaine couronne, ils s’entendent trop bien tous les deux, elle lui plait bien finalement même si elle est affreuse et a largement fait son temps. C’est surtout que les gens ont de plus en plus la pétoche avec cette crise financière et économique qui n’en finit pas. Donc pas de sous. Pas pour ça.
Pas pour être beau du sourire.
Ensuite, nous faisons une pause. Avec Mlle, nous reparlons de nos péripéties matinales. En même temps que nous discutons, elle essaie d’ouvrir un tiroir d’un placard et arrache carrément la tablette avant. Le tiroir est tout en vrac.
Besoin de calcium ? magnésium ? vitamines ? faut le manipuler avec tendresse ce tiroir, bon sang, j’uis ai déjà dit. Avec tendresse, le tiroir !
Elle aurait pas du se lever aujourd’hui. Ça lui réussi pas d’être matinale. Je me marre de voir sa tronche. on est explosée de rire.
Un p’tit after eight pour la route ?
Suite et fin de la journée : je ne demande rien de trop périlleux à Mlle, ce pourrait être dangereux. Je voudrais pas qu’elle se blesse en travaillant à mes cotés. Je la laisse se reposer. Elle revient pour m’aider à finir la dernière patiente. Je me poile sous mon masque en repensant à sa tronche quand le tiroir lui est resté dans les mains.
Pffoouu… rude journée. Un lundi de folie. Ça promet une semaine pleine de surprises.
Je déteste les lundi. Je préfère les week-ends. C’est pas que j’aime pas travailler, c’est juste que je préfère me la couler douce. J’ai mal choisi mon métier, alors. Parce que dentiste, c’est pas de tout repos. Surtout les lundis.

mercredi 3 décembre 2008

mise à jour

C’est la rentrée !

Et ui, c’est la rentrée. Nous sommes revenues le 8 septembre. Et depuis, que s’est-il passé ?
Deux trois petites anecdotes, dans le désordre.

Mr. M, 80 balais bien passés et plus tout à fait les pieds sur terre. Juste ce qu’il faut pour emmerder le monde. Tout le monde.
Mr. M avait une dent à extraire. Apparemment, il embêtait toute sa famille chez lui avec ça. Il vient me voir, je l’examine et je la lui extrais. Mais ce n’est pas si simple car il est sous anticoag. Vu que la dent n’était pas compliquée et complètement cassée, il valait mieux la sortir sans attendre qu’il la gobe une nuit. De plus ça lui épargnait une série de dix piqûres dans le bide, ce qui est le tarif habituel pour des extractions compliquées pour les patients sous anticoag. Compte tenu des médicaments, j’avais anesthésié de manière à bien bloquer la circulation sanguine à cet endroit et ne pas rencontrer de problème. J’avais averti, après avoir vérifié que l’hémostase était faite, qu’il ne fallait pas qu’il crache. Si ça saignait un peu, il devait avaler un peu de sang, ce n’était pas bien grave. Il était parti avec l’hémostase réalisée. Pas de souci à venir. Tu parles !
Le lendemain, sa femme m’appelle car il a saigné toute la nuit. Et évidemment, il a craché. Je le reçois : comme par enchantement, ça ne saigne pas.
Mais lui me soutient que oui et pour me le prouver, crache dans son mouchoir…de la salive ! « vous voyez bien que ça saigne ! »
Nan, le sang c’est rouge. Quand c’est transparent, c’est de la bave.
« si vous saviez ce que j’ai pu avaler cette nuit, tout ce sang, tout ce sang… »
j’ai bien essayé de lui apprendre les couleurs mais c’était peine perdue.
Il s’en va, sa femme rassurée.
Dix jours ( 10 jours, si, si !) après, ils reviennent :
« il faut le voir car il saigne toujours. »
depuis dix jours ? pas possible. A ce compte, il devrait déjà être mort, vidé, blanc comme un linceul.
« Je peux le recevoir mais ce sera entre deux patients. Après que j’ai vu le monsieur qui attend »
« ah ? on passe pas de suite ? »
et pourquoi que t’aurais plus le droit de passer que quelqu’un d’autre ?
« non, d’abord je vois le monsieur qui a rendez-vous »
« et ça va être long ? »
« je ne sais pas »
« parce que ça nous ennuie d’attendre parce qu’on a rendez-vous chez le médecin dans une heure » ( qui est à trois cent mètres de là, je précise)
« vous n’avez pas rdv, vous attendez. »
nou di diou, c’est pas dur d’être poli et de laisser passer les gens qui ont un rdv. Si les gens ont la politesse de prendre un rdv, la moindre des choses est de les recevoir à l’heure.
Ils sont venus avec du renfort, leur fille. Elle fait la gueule.
J’examine papi : il a sucé sa gencive et sa plaie n’est pas très jolie. Mais la cicatrisation se fait. Pas de souci.
Mamie est rassurée, la fille fait la gueule.
Papi me reproche de lui avoir dit d’avaler son sang :
« c’est que tout ce sang, c’est pas bon de l’avaler » me dit-il le doigt tendu.
« c’est pas du sang, c’est votre salive »
« parce que le sang, il descend dans l’estomac. Hein ? »
il m’apprend la géographie du corps humain , maintenant…
« voui »
« et dans l’estomac, y a les aliments, hein ? »
« voui »
« et bien, le sang qui se mélange avec les aliments, ça m’empoisonne »
…ah, bon, ça fait pas du boudin ? je me narve de suite ou j’attends cinq minutes ?
ah, ben , non, pas besoin, sa fille surgit, le chope, le relève et rouspète que ça suffit. Et elle le fout dehors du cabinet. Puis elle revient me dire que ça fait trois jours qu’elle a pas dormi pour le surveiller, qu’elle en peut plus, qu’il la gonfle et qu’elle l’a menacé de le faire hospitaliser s’il continue à emmerder le monde. Texto.
Ah ? c’est pas spécial pour moi ?
En fait, j’apprends qu’il s’est rendu chez le médecin trois fois en dix jours, que le médecin, par prudence, a modifié le traitement médicamenteux donc qu’il n’y a plus aucun risque de saignement depuis plus d’une semaine ! comme ça, finalement, il les aura eu les piqûres dans le bide… à quoi ça sert que je me décarcasse ? . Mais papi a envie d’emmerder le monde. Je souhaite beaucoup de patience à sa fille.
A mon avis, on va le revoir bientôt.

Quoi d’autre ? mme L ( la même, toujours la même) est revenue avec une couronne descellée. Elle a réussi à la garder tant qu’on n’y était pas mais dès qu’elle a senti qu’on allait revenir, hop ! elle l’a paumé. C’est qu’on lui a beaucoup manqué pendant les vacances. Je me demande si elle fait pas exprès…
Elle se pointe avec les cheveux violets et les lunettes de soleil.
Ça va pas.
Je regarde sa dent : elle est explosée, il faudra l’extraire. Et là devinez quoi ?
Elle se met à pleurer :
« j’ai eu une très mauvaise nouvelle et j’en suis malade »
merde, ça a l’air sérieux si elle pleure : cancer, proche décédé, divorce ?
« il faut que je paie des impôts »
et c’est pour ça que tu chiales ?
« avant je payais que dix euros par mois, maintenant on me demande trois cent euros en trois fois, c’est terrible » elle me raconte ses problèmes de fric : en fait, elle en a mais elle veut pas les donner aux impôts.
Je comprends mais ch’uis pas ta banquière, j’y peux pas grand-chose.
Je prévois les rdv pour extraction et adjonction sur son appareil dentaire.
Le jour J, elle vient accompagnée de son mari…qui s’installe d ans un coin et n’en rien à f….. j’extrais. Je prendrai les empreintes demain.
Elle revient donc le lendemain déguisée avec des grandes lunettes de soleil, elle file dans le cabinet à fond les manettes, sans rien dire. Et elle repart pareil. Je cherche surtout pas à savoir ce qui va pas, surtout pas.
Quelques jours après, elle vient chercher son appareil réparé : tout va bien, elle a pas eu mal du tout. Les lunettes noires sont rangées, les cheveux toujours violets assortis à la jupe et aux ballerines à dentelles. J’ai décidé de la surnommer frou-frou. Ça lui va bien.
Frou-frou récupère ses dents et s’en va, enchantée.
Ouf


Quoi d’autre ?

Une dame à qui je soigne les dents ( normal, je suis dentiste ) et qui me demande si les soins dentaires, ça peut faire mal aux jambes ?
????
la même m’assure que les artichauts noircissent les dents.
?
si, si, insiste-t-elle, « les artichauts crus, ça noircit les dents ».
??? crus ? elle mange les artichauts crus ? non, non, c’est chauds les artichauts, chauds !

vendredi 10/10/08
mal polich, va !

il y a quelques temps, j’ai reçu un monsieur de 70 ans qui a tout vu, tout fait. C’est une grande gueule qui participe à des réunions. Donc il est important, le monsieur.
Sauf qu’en 70 ans , il n’a jamais fait faire de détartrage.
Il se pointe avec un chicot à extraire, du tartre aussi épais que du plâtre, des dents en moins. Bonjour, le tableau. Il veut des appareils. Mais il n’en a pas envie.
C’est mal barré.
J’examine et je motive à l’hygiène, pendant deux séances. Je suis obligée de lui prescrire des antibio tellement ses gencives sont dans un sale état, purulentes, et tout et tout. Style monsieur Ouille dans les visiteurs.
Au deuxième rdv, il reste une heure ( une heure entière !) pour m’expliquer qu’il s’y connaît, qu’il fait partie des commissions de la sécu.
- « vous êtes conventionnée ? »
- ??? ben, oui.
- Alors, les prix…
- Quoi, les prix ? je suis conventionnée donc je pratique des honoraires libres sur la prothèse. Je fais un devis, vous acceptez ou pas, comme vous voulez.
- Ah…
- C’est pas parce qu’on est conventionné que c’est pas cher. C’est parce qu’on est conventionné qu’on obéit à certaines règles dictées par la sécu et que les patients sont remboursés. C’est tout.
Finalement, je fais un devis, je demande qu’il réfléchisse bien car je ne ferai le travail que s’il est vraiment motivé.
Ce matin, il a rdv à 9h00.
9h15 , personne.
9H30, toujours pas là, il a du oublier, pas bien grave, on le verra plus tard. Je passe à la suite.
10h 10 : il arrive. La patiente précédente m’attend dans le cabinet avec l’assistante, je le rencontre à l’accueil. Le suivant va pas tarder.
- « bonjour. Ben, alors ? vous avez une heure de retard. »
- « non, je suis à l’heure »
bonjour, aussi.
- « vous aviez rdv à 9h00 »
- « non, à 10h10 »
bizarre comme horaire, ch’uis sûre que tu te fous dedans. Mais c’est peut être moi.
Pas la peine de s’énerver. Ça arrive qu’on se trompe ou qu’un patient se trompe. En général, on réussit toujours à retomber sur nos pattes.
Il me dit qu’il va chercher son carton de rdv pour me le prouver. D’accord.
Donc je retourne dans le cabinet et là, surprise! au lieu de sortir chercher son carton de rdv dans sa voiture, il me suit, il entre direct dans le cab, sans se soucier qu’une autre personne est déjà en consultation, sans saluer et le voilà qui commence à s’avancer vers l’assistante.
Je le stoppe du bras.
Hop, hop, hop, t’es pas dans ton moulin, là.
- « vous permettez ? je termine avec cette personne d’abord »
non, mais, tu te crois où ?
il ressort.
Je suis assez plutôt pas contente, j’ai horreur de l’impolitesse, surtout avec un autre de mes patients. Dans mon cabinet, j’applique la règle des trois P : politesse, ponctualité, propreté. Sinon, c’est dehors.
Je termine avec la dame, un peu interloquée et qui sent bien que, d’un coup, je ne sourie plus, que l’assistante est partie se planquer ailleurs parce qu’elle a senti la tempête arriver. Bref, ça va fâcher.
Il revient, s’installe dans la salle d’attente. Je vais le chercher.
- « alors ? »
- « c’est écrit le dix/dix à 9 h00. j’ai mal lu »
- « pas grave, on va vous donner un autre rdv »
- « non, j’arrête tout. »
- « bon, ok. »
je vérifie le dossier. Il boude. Comme un gamin.
- « j’arrête tout. Je veux pas continuer » il prend un air de type pas content.
En même temps, c’est toi qui t’es trompé, zigoto…tu peux t’en prendre qu’à toi-même…
- « d’accord. Au revoir, bonne journée »
il croit quoi ? qu’on va se mettre à genoux pour le supplier de rester. Comme il voit qu’on s’en fiche, il insiste :
- « mais je pense que je ne reviendrai pas »
- « c’est pas grave. Au revoir »
alors il s’en va.
Mlle mon assistante me regarde, surprise.
Ben ké kil a ?
Bô, pas grave.
Mieux vaut maintenant que plus tard. Ça prouve qu’il n’est pas motivé. Un patient non motivé est insoignable : il vaut mieux s’en débarrasser.
Il s’est même pas excusé. Un rustre.
Ensuite, nous apprenons qu’il est allé raconter son exploit à ses fils et neveux….qui lui ont fait la morale !
- « ce n’est pas une façon de se comporter, t’es pas poli, etc… »
les fistons qui donnent des leçons de bonne manière au paternel. C’est à se demander comment ils ont fait pour être bien élevés, eux.
Ce matin, lundi 13, coup de fil du mal luné qui m’explique qu’il était de mauvaise humeur, qu’il reconnaît s’être mal comporté, que surtout, il s’est fait engueuler par sa femme, alors qu’il s’excuse.
Donc et d’un, on ne s’excuse pas soi-même, on présente ses excuses ; deuxio, tu le fais juste à cause de ta femme, tertio , tes sautes d’humeur, j’en ai rien à faire, j’ai autre chose à faire que de t’apprendre la politesse.
- « … alors, voilà, je veux bien que vous me redonniez un rdv pour que je revienne. Si vous voulez bien me revoir »
tu m’as vue, oui ?
- « non »
- « non ? ah. Mais je me suis excusé »
- « c’est non »
et là, vous savez quoi ? il repart sur ses grands chevaux, si, si. Le type qui est incapable de se tenir poliment, incapable de gérer la moindre embûche sur son parcours. Aucun sang froid. Minable.
- « mais, moi , je me suis excusé alors puisque c’est comme ça…
- … ben, comme ça, on est quitte. Allez, bonne journée, au revoir »
fin de la discussion.
Je ne supporte pas l’irrespect. Il y a des règles de savoir vivre à observer dans toute communauté qui se veut socialement évoluée. Et puis, si de se tromper de rdv le met dans cet état là, s’il ne sait pas mieux gérer un tout petit problème, comment fera-t-il pour gérer un dentier neuf dans sa bouche alors qu’il dit d’entrée qu’il n’a pas envie de se faire appareiller et qu’il le fait par nécessité. J’appelle ce genre de cas : un nid à merdouille. Et j’en veux pas.

Jeudi 13 novembre
En vrac :

L’assistante reçoit un coup de fil de M.M, inconnu au bataillon :
- « ici, c’est M.M, de tel quartier. Il me faut un rdv »
Elle lui fixe un rdv et demande, comprenant que le monsieur est âgé, s’il connaît le chemin pour venir jusqu’ici :
- « vous êtes déjà venu ? »
- « eh, bien sûr, je suis déjà venu dans ce quartier. Je connais la ville quand même ! »
- « mais êtes-vous déjà venu au cabinet ?
- « ah, euh, non »
on se doute bien que tu la connais, la ville.

Nouveau coup de fil : c’est pour réparer un appareil qui s’est cassé pour une dame qui n’est pas patiente du cabinet.
La dame demande :
- « le docteur réparera de suite, hein ? »
- « non, il nous faut l’envoyer au laboratoire »
- « ah, mais non, moi je veux venir au rdv et que la réparation soit faite de suite au cabinet »
- « alors il faut voir avec un autre cabinet qui fonctionne comme ça »
- « ah, mais ça ne me va pas. Mon dentiste, il ne fait pas comme ça. »
- « et bien, ici, c’est comme ça que ça fonctionne. »
- « mon dentiste, il répare de suite »
mon assistante a eu la politesse de ne pas répondre : « et ben, retournez-y chez votre dentiste ! pourquoi vous y retournez pas, hein ? »
peut-être parce qu’il veut plus la voir…

une anecdote mignonne : je fixe un rdv à une patiente qui sera absente quelques jours à partir du 28 novembre. Je lui demande quand est-ce qu’elle reviendra. Réponse :
- « voyons je reste là bas quelques jours…alors, le 28, le 29, 30, 31 , 32, 33, 34 »
- « euh…par ici, on interrompt le mois de novembre le 30 en général, mais bon, je ne vous oblige à rien… »
:)

un anglais perdu dans le temps :
il a beaucoup de retard à son rdv. Il commence à être âgé aussi. Il incrimine sa femme qui a écrit dans le chéquier : ‘’ rdv 13/11/08 3 :00’’. Et le monsieur d’insister : c’est écrit 3 alors c’est quatre heures….
Non, papy, non, si c’est écrit un 3, c’est que c’est trois heures. J’essaie une fois, deux fois de lui expliquer mais il comprend pas. Tant pis.

M.L, petit vieux de plus de 80 ans. Je lui ai fait deux appareils complets haut et bas. C’est tout neuf, tout beau, livré le jeudi. Le dimanche, en voulant nettoyer celui du bas, il s’est cassé la figure chez lui. Et le dentier du bas avec. Le pauvre. Le dentier est parti à la réparation mais le petit papy…

Mme.M, environ 80 piges. Je lui extrais une dent. Si ça ne va pas, elle peut me rappeler. Le lendemain, elle rappelle. Elle veut que je la revois pour la rassurer. Tou est ok, je la rassure. Deux jours après, elle rappelle. Elle angoisse.
???
je demande à Mlle quel est le problème : la mamie angoisse car…. Elle va déménager !
??? et alors ? quel rapport avec l’extraction ?
aucun.
Elle a juste besoin d’être rassurée.
Ouais, mais je suis pas employée chez Déméco…
Après discussion avec sa femme de ménage, j’apprends que la pauvre petite mamie vit depuis douze ans dans une maison scindée en deux appartements, elle à l’étage et le rez de chaussée occupée par une autre mamie qui est en mauvaise santé. Elles se tiennent compagnie depuis douze ans. Mais la fille de l’autre a décidé inopinément de les séparer et donc Mme M ne peut plus vivre dans cette maison car le loyer est trop cher. Donc éject la mamie. Elle est toute triste à l’idée de ne plus voir son amie. A cet âge là, c’est compréhensible que cette nouvelle vie seule ne l’enchante pas et l’angoisse. Je ne sais pas pourquoi une telle décision a été prise mais a priori, je trouve cela méchant. Et en plus la fille ne rend même pas visite à sa fille ! tout ça pour séparer deux vieilles copines. Mais qu’ont les gens dans leurs cœurs !

M.G : z’avez pas vu ma veste ?
M.G est un patient normal. Je le soigne puis il s’en va. Il revient dix minutes après :
- « z’avez pas vu ma veste ? »
- « euh…non »
- « vous êtes sure ? »
- « ben oui. Mais si vous voulez vous pouvez regarder dans la salle d’attente »
il cherche, il trouve pas. il insiste.
- « non, M.G, nous n’avons pas votre veste car vous êtes venu sans. »
- « ah bon ? je suis venu sans veste ? sans blouson ? »
- « ben oui »
et il est reparti comme ça, sans savoir vraiment comment il était habillé.

vendredi 4 avril 2008

scotcheuse

mercredi 2 avril

ce mercredi, j’ai eu le flair de fermer le cabinet et de ne pas travailler. Et j’ai eu bien raison puisque mon enfant est malade. Donc je pouponne toute la journée avec un passage chez le médecin dans l’après midi. En sortant de chez le docteur, je vais chercher les médicaments nécessaires à la pharmacie. Jusque là, rien d’extraordinaire. Il se trouve que la pharmacie où je me sers est située à une cinquantaine de mètres de mon cabinet. Et, évidemment, en sortant de la pharmacie, ça n’a pas loupé, une femme fond sur moi, complètement excitée :
- « docteur Apolline ! vous êtes le docteur Apolline, hein ? »
elle se colle sous mon nez et me barre la route.
- « oui »
j’hésite, je reste ou je m’enfuis en courant, mon enfant dans les bras ?
- « vous vous souvenez de moi ? »
- « non »
- « je suis passée vous voir il y a un an »
je vais m’enfuir…
un an ! j’ai du voir un millier de personnes depuis, soit deux milles arcades dentaires soit au moins vingt mille dents…
nan, me souviens pas.
- « je suis ////// de l’asso //// »
je n’ai même pas le temps de saisir son nom tellement elle parle vite. Totalement excitée, elle enchaîne.
- « d’habitude vous faites un don à l’asso. »
- « voui… et alors ? »
en effet, je donne à cette asso chaque année.
Quand je suis au travail, dans mon cabinet. Mais là, je suis en pleine rue ! je tiens mon enfant d’une main, ma poche de médicaments de l’autre. Ça se voit que je travaille pas, quand même, non ?
- « et je viens de passer à votre cabinet mais c’est fermé »
pas possible ! j’y suis pas ? t’es sûre ? t’as vérifié ? bon sang, mais alors c’est pour ça que je suis dans la rue ?
- « oui, le mercredi après midi, c’est toujours fermé. Et en plus, mon enfant a la gastro, il faut que je rentre chez moi »
- « vous avez rien sur vous ? »
??? si, si, mes fringues et mes chaussures, pourquoi ? t’en veux une ? ça m’ennuie un peu, parce que mes chaussures s’entendent mieux à deux.
je le crois pas ! elle me rackette en pleine rue ! mais enfin, ça se voit que je bosse pas, là, que je suis une simple maman qui s’occupe de son enfant !
- « euh, non ; il faut que je rentre chez moi ( et ça va commencer à urger parce que mon bouchon est très malade…). Repassez demain au cabinet. »
- « ah oui mais demain , ça m’arrange pas »
- « ben un autre jour alors ; il y aura l’assistante, ce sera plus simple »
- « à quelle heure vous fermez ? »
- « à midi »
- « je peux passer entre midi et deux ? »
- « si vous voulez mais on n’y sera pas. On ferme à midi. Bon, il faut vraiment que je parte maintenant…»
elle s’est finalement ôtée du passage.
Je le crois pas. Et cent balles et un Mars, non ?

Jeudi 3 avril :

Ce matin rebelote, panne d’électricité d’une demi heure dans tout le quartier.
Donc j’ai forcément pris du retard, obligée de remettre des RDV à l’après midi. Une dame, nouvelle patiente, a préféré attendre. Mais au bout de vingt minutes d’attente, la voilà t-y- pas qui commence à râler parce que je n’étais pas à l’heure ?
??? ben, fallait pas rester, cocotte…tu vois bien qu’y a plus d’jus nulle part, m’enfin ?
Mon assistante commence à s’énerver aussi et lui répond que la coupure est indépendante de notre volonté. Mais la dame n’en démord pas, vingt minutes de retard, c’est pas normal, je ne respecte pas mes horaires, patati patata…
et une heure, c’est normal ? parce que dans certains cabinets, c’est le minimum…et avec l’électricité, en plus…en même temps, on t’a prévenu et t’a choisi de rester, alors, nous chauffe pas c’est pas le moment…
En plus, le courant s’est coupé quand j’avais quelqu’un sur le fauteuil. Heureusement, il ne me restait qu’à sceller une pièce prothétique, ce qui est possible même avec peu de lumière. M’en suis pas trop mal sortie, finalement.
Ensuite, j’ai donc reçue Mme G., nouvelle arrivée, pas contente. Je l’écoute se plaindre et lui montre le fauteuil : il est stoppé en position allongée vu qu'il n'y a plus d’électricité.
Tu vois bien que ça m’amuse pas, que tu veux que je fasse ? pédaler ?
Diagnostic vite fait, elle a besoin de détartrage et puis de clichés radios pour confirmer mon diagnostic. Mais ce sera pour une autre fois, quand on aura émergé de l’âge de pierre. ‘’ EDF, nous vous devons plus que la lumière’’…
Ben, déjà, la lumière, ce serait pas si mal…
Elle s’en va en s’excusant.
Au bout d’une grosse demi-heure, le jus est revenu. On a pu bosser. Fin de matinée sans encombres.
L’après midi fut gratinée aussi :
Première patiente : une maman avec sa petite fille de 16 mois. Evidemment, quand le bébé m’a vu me déguiser avec masques et lunettes de protection et que j’allais faire quelque chose à sa maman, il a flippé. Normal. Donc Mlle s’est transformée en nounou pendant vingt minutes. Faut savoir tout faire dans ce métier…Et quand je lui ai rendu sa maman, la pitchoune l’a attrapé dans les bras avec un grand sourire. Elle serrait sa maman et me regardait d’un air de dire : ‘’je l’ai récupérée, tu la garderas pas’’. C’était marrant.
Mais bon, encore quelqu’un qui va pas aimer les dentistes…
Ensuite, dans le désordre, mme B : je lui pose son inlay core claveté avec couronne et devinez quoi ???? elle a pas son chéquier, elle reviendra demain…
Y en a marre, je vais te flanquer tout ça chez l’huissier, ça va pas faire un pli.
Puis …tadadam…Pierrot !!! il est repassé chercher son appareil dentaire réparé. Il arrive avec un quart d’heure de bourre, laisse son chariot dans l’entrée mais garde ses pantoufles:
- « excusez moi, hein, juste au moment de partir, voilà que j’ai eu envie d’aller aux toilettes. »
- « pas grave, maintenant vous êtes là, on va pouvoir travailler. Asseyez-vous »
- « vous avez mon dentier ? »
- « oui »
faut monter sur le fauteuil, maintenant…

il recommence sa danse habituelle, un pas en avant, deux en arrière, il enlève le gilet, il arrive et s’assoit sur le fauteuil.
HOURRA !!!
J’essaie le dentier, ça va. Mais Pierrot se plaint :
- « j’ai mal aux pieds. J’ai des cors, ça me fait souffrir… »
- « ben, vous devriez essayer de voir un podologue. Pourquoi ne pas essayer chez l’esthéticienne, à coté d’ici ? »
ch’uis sympa, je partage. Hi hi hi . L’esthéticienne va être ravie…
Il se lève, revient au bureau mais il a oublié sa carte vitale. Tant pis, je fais une feuille de soins et explique que s’il veut, il peut nous ramener la carte et la feuille afin que nous envoyions nous-même son remboursement. Je le lui répète plusieurs fois et il va s’en aller. Mais non, il se rassoit.
? zut. Un truc qui va pas ?
Il me sourit :
- « je peux vous donner du travail ? »
- « euh… »
- « parce que je vais parler de vous, hein. Je vais vous faire avoir du travail... »
- « c’est gentil, merci »
- « c’est ce que j’ai dit à la petite, l’autre fois »
la petite ? ??? ah ! Mlle, mon assistante. Voui, en même temps, elle a passé la trentaine, la petite.
Je me retourne pour voir la tronche de ‘’la petite’’ : elle fronce les sourcils et fait la moue. Je commence à sourire, je peux pas m’en empêcher, surtout quand elle fait cette tronche, ‘’la petite’’.
Et puis il continue :
- « parce qu’avant, ça n’allait pas , hein… »
- « qu’est ce qui n’allait pas ? »
- « vous. Vous faisiez payer mais le travail n’était pas fait »
Là, je suis bidonnée de rire. Je ne peux pas m’en empêcher. Dans notre métier, on ne peut pas faire payer un travail qui n’est pas effectué. C’est de la fraude et on est extrêmement surveillé. Et puis, c’est pas mon truc de frauder : mal dormir pour trois francs six sous de rabiotés, ça vaut pas le coup.
Je me marre et je regarde Mlle : un partout, ‘’petite’’.
Il s’en va. Oh ! j’allais oublier de lui reparler de l’esthéticienne. Je le rattrape dans le couloir mais il devance ma suggestion en me demandant le chemin du salon. Je le lui indique. Dans un moment, on appellera au salon pour avoir une réaction à chaud.

La suite et fin de l’après midi se fait sans encombre, la dernière patiente a la bonne idée d’annuler ; on rentrera plus tôt ce soir à la maison.

Quand à l'esthéticienne, elle a compris de suite que c'était nous qui lui avions envoyé le Pierrot. Alors, elle a gentiment refourgué le colis au cabinet d'infirmiers un peu plus loin.

C'est ça la solidarité d'un quartier, on partage...

mercredi 2 avril 2008

dring dring dring

mardi 1er avril 2008
journée calme, mis à part M.B ( celui qui me nomme Caroline) qui s’est excité sur la sonnette d’entrée :
‘’dring dring dring’’.
Y a un souci ?
- « euh, non, rien, c’est juste pour dire que je suis arrivé… »
Bienvenue. Assieds-toi et reste sage.
Quoi d’autre ? la dame-au-grand-parapluie-rouge-ou-vert est revenue payer comme elle l’avait dit. Dépensière mais honnête, j’apprécie.
Les autres étaient normaux, il en faut aussi.

Veille de 1er avril: gratinée...

lundi 31 mars 2008.

En cette veille de premier avril, que nous est-il arrivé ?

D’abord, monsieur et madame D sont venus car, ça y est , ils sont décidés, ils veulent le bridge proposé en 2005 pour madame…trois ans pour décider si madame mérite des dents, c’est un peu long.
Dans l’après-midi, nous avons eu quelques cas croustillants :

1. mme M et son fils : ils étaient garés devant le cabinet bien avant 14 heures. De loin, je n’ai vu que madame et j’ai discerné vaguement une énorme touffe de poils que j‘ai pris pour son chien. Hé non, c’était son fils.
Me suis plantée…
J’ai reçu les deux à la fois, gentils, pas inventés l’eau chaude, mais gentils. Il n’y a que la coupe de cheveux du fiston qui m’a un peu dérangée car ça prenait beaucoup de place au niveau de la têtière du fauteuil. C’est une sorte de mixage entre Jackson Five et Marge Simpson.
D’ailleurs, tout le temps que je l’ai soigné, j’avais la chanson ‘’ABC ‘’ des Jackson 5 qui me trottait dans la tête. Pouvais pas m’en empêcher.

2. puis est venu, devinez qui… Pierrot !
Le pauvre est arrivé à pied, avec sa femme et son sac à provisions sur roulettes, chacun s’accrochant ferme à son parapluie. Il pleuvait des cordes. Les pauvres vieux n’osaient pas entrer de peur de tout tremper. Finalement, devant mon insistance, ils sont rentrés dans le cabinet. Mais Pierrot, bien que pas toujours très stable sous sa casquette est un monsieur bien élevé et il est donc reparti dans le couloir pour s’y déchausser et y laisser ses….pantoufles !
J’vous avais pô dit ? si, si, il vient en pantoufles charentaises.
Donc le vla qui faut qui monte sur le fauteuil.
L’y va, l’y va pas ?
Comme d’hab, il regarde le divan de ses grandes mirettes puis me jette un coup d’œil, l’air de dire : « c’est là ? »
Vi, c’est là…
Je l’invite à s’installer ; il ôte sa casquette, approche,
L’y va…
repart d’un pas en arrière,
zut, l’y va pas…
enlève la veste, se rapproche,
si, l’y va…
repart encore une fois en arrière
nan, l’y va plus…
et me demande :
- « vous allez en planter une ? »
???
sous entendu : une dent bien sûr.
- « oui »
- « mais…vous allez en planter une ? »
- « oui »
J’explique ce que je vais faire. Je vais remplacer la dent que j’ai extraite la dernière fois sur son dentier. A ce propos, il me faut cet appareil dentaire. Le voilà qui s’éloigne. Il va vers sa femme car c’est elle qui détient le précieux objet, dans une poche de son imperméable.
Miam…
Je réussi finalement à mettre le Pierrot sur le fauteuil, reste à mettre le dentier dans le Pierrot.
Pas gagné.
Le dentier est plein de colle fixodent mélangée au sopalin qui l’entourait.
Je le nettoie et essaie de l’enfourner dans son habitacle normal, à savoir la bouche du Pierrot.
Pas d’bol, y tient pô vu qui manque une dent.
J’essaie de voir ce que ça va donner en prenant une empreinte. Au moment où je présente le porte-empreinte devant la bouche, Pierrot se recule et demande :
- « vous allez en planter une ? »
que tu crois que ch’uis en train d’essayer d’faire là ?
Pas moyen d’engouffrer quoi que ce soit donc je vais faire autrement.
C’est alors que le Pierrot s’aperçoit de ce qu’il va advenir de son appareil dentaire : il va le quitter quelques jours pour rejoindre le laboratoire de prothèse où lui sera adjointe une dent. Ainsi, pendant ce temps, Pierrot sera privé de son compagnon.
Je sens le Pierrot devenir tout triste. Ce n’est que pour deux jours, va, jeudi, tu le retrouveras.
- « elle le garde ? » demande-t-il à sa femme.
- « oui, jusqu’à jeudi »
- « et elle va en planter une ? »
- « oui »
- « et je reviens quand pour le chercher ? »
- « jeudi »
Il me regarde :
- « j’ai pas les gencives qui s’usent ? »
- « non, vos gencives ne s’usent pas. »
Ne les voyant pas décidés à s’en aller, je me lève pour indiquer que la récré est terminée, il faut rentrer à sa maison. Ils sortent après que j’ai répété deux fois le jour et l’horaire du rdv suivant. A l’accueil, Pierrot récupère ses affaires sous les ordres impatients de sa femme : caddie, pantoufles, parapluie.
Ils sortent. Entre le patient suivant : M.F, le ronchon !

3. M.F a rdv aujourd’hui lui aussi.

Si, si, je fais dans le lourd aujourd’hui.
Il faut que je prépare son bridge. D’abord, je lui demande s’il est d’accord avec le devis. Réponse affirmative ; donc je lui demande de me le signer. Il se tortille, l’air ennuyé.
Si on est d’accord avec un devis, on le signe, sinon, on s’en va. Je te force pas. Je m’en tiens à la réglementation. Je cherche pas à t’arnaquer, j’applique la loi.
Nan, il tortille, il tortille.
Il dit un truc mais j’écoute pas, je soupire car il commence déjà à m’énerver…
Finalement, il signe son bout de papier.
Ça y est, on va pouvoir se mettre au boulot.
Il s’installe et demande :
- « c’est vous qui le faites ? »
- « ben oui »
non, non, c’est le père noël…
- « et avec quels outils ? vous travaillez le métal ?»
??? voui, avec les ongles.
je comprend que sa question concerne la fabrication elle-même du bridge et non pas sa conception ni sa préparation. Alors j’explique tout comme il faut. Il a l’air satisfait de la réponse. Certes, il est ronchon mais il a ceci de bien, c’est qu’il est très facile à soigner. Ça se passe toujours très bien tant qu’il a la bouche ouverte. En fait, ça se gâte quand il parle.
A la fin de la séance, le fauteuil se redresse, je le laisse se rincer. Je retourne au bureau préparer les papiers et je l’invite à me rejoindre quand il se sentira bien ; souvent, les personnes âgées ont la tête qui tourne et il leurs faut quelques minutes avant de se lever.
J’attend.
Il descend pas.
L’est coincé ? Pierrot voulait pas y aller, toi tu veux plus en descendre…
Peut-être veut-il un plus d’eau pour se rincer ?
Je l’appelle :
- « M.F ? »
- « oui ? »
- « vous voulez vous rincer ? »
- « ah, non, je veux pas recommencer »
- « non, pas recommencer, juste vous rincer une nouvelle fois, si vous vous voulez »
- « ah, non, je ne veux pas recommencer une nouvelle fois »
???? il est sourd ! nom de d… il est sourd ! en fait il fait semblant de s’intéresser mais il comprend rien de ce que je lui dit…
Je vais le chercher, le prend par le bras et le fais descendre du divan.
Faut laisser la place…
Il m’explique alors qu’il a eu très peur en voyant le prix du devis,
( environ 10% moins cher que dans les autres cabinets alentours mais cela, il l’ignore…)
qu’il a appris à compter au cours de sa vie et qu’il s’est battu pendant des années pour être exempté d’impôts
comment t’as fait ???
et qu’il a réussi à obtenir gain de cause et ne pas payer les six euros que l’administration fiscale lui demandait.
Les pauvres fonctionnaires, qu’est ce qu’ils ont du se prendre dans la tête…
Six euros ! même pas capable de contribuer à aider son pays pour six euros…
Je mets fin à la consultation rapidement.
Six euros…
4. patiente suivante : mme L.
la fameuse mme L qui est venue jeudi dernier, qui me colle, la larme à l’œil, dès qu’elle me voit, qui va pas bien quand la météo n’est pas bonne, qui panique à l’idée que je m’absente, qui part en week-end à la neige contrainte et forcée.
J’fais dans la lourde aujourd’hui…
Depuis jeudi dernier, soit quatre jours, elle a réussi à perdre une dent sur pivot que je rescelle en la rassurant. C’est fou les dégâts qu’elle cause en quatre jours…

Pour une veille de 1er avril , c’est pas mal. Vivement demain…

vendredi 28 mars 2008

Les cloches sont passées. Il y en a quelques unes qui sont restées…

Mardi 25 mars
Ce week-end, les cloches sont passées. Il y en a quelques unes qui sont restées…

Ce mardi matin, reprise plein pot après un lundi chômé.
Et kiké venu nous voir ?…Pierrot, bien sûr. Son rdv est la semaine prochaine mais il est quand même passé. La sonnette a doublement retentie et j’ai su, j’ai su que c’était lui :
Oh, non…ben, si.
Il a expliqué à l’assistante qu’il a les gencives qui « s’usent ».
Y a pas que là que ça s’use…
Il faudrait le voir, vite.
De quoi t’as peur Pierrot ? que tes gencives disparaissent d’ici à la semaine prochaine ?
Et les autres patients ? z’ont pas besoin d’être vus, eux ? d’autant qu’ils ont rdv, eux.
C’est vraiment pas possible de le voir, là, aujourd’hui, maintenant, tout de suite ?
Ben, non. Chacun son tour.
Ce coup-ci, j’en suis sûre, j’ai un fan…
Un peu plus tôt dans la matinée, je recevais un couple de nouveaux patients, M et Mme C . Je vais chercher M.C et l’appelle dans la salle d’attente. Il se reconnaît et arrive, talonné par madame. Comme je n’ai appelé que monsieur, j’interroge la dame du regard :
où tu vas, toi ?
- « je suis son épouse, je viens aussi »
t’as peur que je le viole ? t’inquiètes pas, y a aucun risque.
Donc voilà que j’embarque les deux dans le cabinet.
Pourquoi les couples se sentent-ils obligés de venir ensemble à la consultation ? c’est une question que je me pose de plus en plus…
Interrogatoire médical classique; je m’adresse en premier à monsieur :
- « monsieur, avez-vous des problèmes de santé particulier ? »
- « non. »
- « prenez-vous des médicaments ? »
- « oui, du plavix, j’ai fait trois AVC… »
et ça , c’est pas un problème de santé, peut être ?
nota :
1. plavix est un anti coagulant, à prendre en compte lors des soins dentaires et surtout surtout lors d’une extraction car il y a un risque hémorragique.
2. Avc = accident vasculo cérébral.
Il s’installe sur le fauteuil : il est bourré de caries et de dents cassées.
- « qui était votre dentiste avant ?»
- « mon frère »
aïe. Ne gaffons pas.
Voui, mais ce que je veux connaître, c’est son nom, tu vois ? parce que si tu veux te faire mousser parce que t’as un frère dentiste, ça marchera pas.
- « et c’est qui ? »
- « le docteur C ».
Merci pour l’info.
Je fais le bilan et annonce les (mauvaises) nouvelles : tout le coté maxillaire gauche à refaire et puis après, le coté droit. Il me regarde, incrédule.
Je passe à madame. Je n’ai pas le temps de poser de question, elle tchatche toute seule. Elle pose des questions mais pas le temps de donner une réponse, la voilà qui en pose une suivante. Pas moyen de donner la moindre explication. Chaque phrase que j’entame, elle me coupe la parole, conteste, donne sa propre explication. Du style :
- « ici, c’est une couronne, vous voyez ? »
- « voui… »
- « là, ça en est une autre »
- « voui »
heureusement que tu me le dis, sinon, je m’en serais pas aperçue. C’est un peu mon métier, voyez-vous, les dentounes ; les vraies, les fausses. Cc’est comme si je disais à mon garagiste où se trouve le moteur et les roues sur ma voiture.
Finalement :
- « je voudrais bien vous expliquer mais vous ne m’en laissez pas le loisir, madame ».
ça y est, le moulin à questions s’est arrêté.
Bilan, plan de traitement. Merci, au revoir.
Il n’y a rien à en tirer, ils sont têtus comme des mules, savent tout sur leur état buccal car le frangin était dentologue. Pas la peine de s’attarder, il y a des gens bien plus sympas à soigner.

Jeudi 27 mars : Caroline.

M.B vient pour que je rescelle son bridge. C’est celui qui a demandé son prénom à l’assistante au téléphone et qui lui expliquait comment gérer le carnet de rdv.
Le bridge est percé en deux endroits, il faudra le refaire.
- « c’est vous qui l’avez fait , ce bridge, docteur. »
- « non, monsieur »
- « si, si , c’est vous. »
mais enfin , si je te dis que non. Pourquoi je mentirais ? quel intérêt ? je sors ma super parade à ce genre d’idiotie, c’est imparable :
- « ah ? ben, alors, j’ai oublié de vous le faire payer… »
je sais ce que je fais ou pas et si j’oublie, mon ordinateur et mes fichiers se souviennent pour moi. Pas de traces de ce bridge dans mes annales.
Il réfléchit intensément puis me dit :
- « je t’assure que c’est TOI qui me l’a fait ce bridge, Caroline »
?????????????
- « pardon ? »
?????? d’abord, on ne se tutoie pas, tu seras bien gentil et pis, en plus, moi, c’est pas Caroline.
Hou la la, il a l’air de bien mouliner de la capuche, lui, aujourd’hui…
Il se reprend :
- « euh, non, madame, c’est peut être pas vous qui l’avez fait alors. »
- « non ».
Je l’observe et je me demande s’il est avec moi sur Terre.
Fin de la consultation. Une fois parti, Mlle m’annonce qu’il a laissé de petites cartes de visites dans la salle d’attente, vantant les mérites d’un moteur écologique.
Caroline…

Puis vient un solide gaillard que je soigne régulièrement. Un gars très sympa avec qui j’aime bien discuter. Mais aujourd’hui, il m’amuse :
- « je me suis acheté une nouvelle brosse à dent »
toutes mes félicitations.
- « elle vibre »
Je l’imagine en train de se brosser les dents avec sa brosse qui vibre. Je n’ai rien ajouté de peur que ça ne dérape.
Et ça te plait quand ça vibre ? morte de rire…

Un peu plus tard dans l’après-midi, Mme L revient pour terminer ses soins. Elle avait une infection sous un bridge ( voir l’article sur la panne d’électricité) et j’ai réussi, j’espère, à la guérir. Enfin, le résultat se verra dans quelques mois. Pour l’instant tout va bien, mis à part un herpès labial. Je prescris ce qu’il faut et nous discutons.
- « oh, c’est que… en ce moment, ça ne va pas…je suis allée à la neige et depuis j’ai cet herpès »
- « vous partez en week-end à la neige et ça ne va pas ? mais il y a plein de gens à qui ça irait très bien »
- « oh oui, mais moi, je le fais pour faire plaisir. Mais je n’aime pas la montagne, je préfère la mer »
m’aurait étonnée…
- « et puis, j’ai mal aux cotes. J’ai des douleurs, le médecin pense que c’est des déchirures. Vous y croyez, vous ? »
- « s’il le dit, c’est ce que c’est ça »
je suis dentiste, pas toubib. Et pis, l’est pas fou, le toubib.
- « j’ai peur que ce soit un cancer. »
- « vous avez mal des deux cotés ou d’un seul ? »
- « des deux, là et là » me montre-t-elle.
Vu où ça se situe et ce que tu me montres, c’est bien des déchirures. Non, c’est pas un cancer ; non c’est pas non plus un cancer des cotes des deux cotés, non, non.
- « et puis ça ne va pas car il ne fait pas beau »
ennuyeux ça mais si on attend un peu, ça va passer…
- « et puis vous allez vous absenter pendant quelques temps et ça m’inquiète »
- « pourquoi ? je vous soigne avant mon absence de manière à ce que vous soyez tranquille. »
- « mais s’il m’arrive quelques chose ? »
- « vous irez voir un confrère. Il s’occupera de vous dans l’intervalle ».
je m’absente pour raisons personnelles un petit moment, j’ai déjà prévenu la patientèle depuis plusieurs mois. Personne n’est pris en traître. Et je ne suis pas la seule dentiste de France !
- « oh la la , ce que ça m’inquiète que vous soyez pas là »
marrant comme remarque : les gens détestent venir me voir, certains passent deux ou trois ans sans venir et je ne leur manque pas mais à l’annonce de mon absence future relativement courte, ils paniquent et s’inquiètent.

A 17hOO, M.D vient pour que j’obture définitivement sa canine haut droite que j’ai dévitalisé la semaine dernière. D’entrée, il m’annonce :
- « pour une fois, ce que vous avez fait, ça y a fait. »
prends toi ça dans la tronche, docteur. Parce que jusqu’alors, ça allait pas ? ben pourquoi tu revenais alors ?
il poursuit :
- « car depuis que vous m’avez soigné cette dent ( la canine haut droite), je n’ai plus mal du tout à ma dent de sagesse (haut gauche). »
Je le regarde, moitié contente qu’il n’ait plus mal, moitié méfiante ‘’ il se paie ma pomme’’, moitié ahurie par une telle ineptie.
Oui, je sais, ça fait trois moitiés. Mais faut bien ça avec lui. Vu que c’est humainement pas possible ce qu’il me dit.
Donc je me sens vachement fière de moi, je soigne à droite et les douleurs à gauche disparaissent. C’est mon coté ‘’fille de Garcimore’’. Si, si…

Aujourd’hui, c’était une bonne journée, j’ai fait de la magie.

N’est ce pas, Caroline ?

samedi 22 mars 2008

Le vendredi, c'est freaks.

Aujourd’hui, c’est vendredi. Avec mon assistante, nous nous sommes aperçues que c’est le jour des gens étranges, tant dans leur comportement que dans leurs questions. Je les ai surnommés les Freaks.
Première patiente, première freak : Mme C, inconnue au bataillon de mes souffrants.
Je la reçois, la porte du cabinet est ouverte, elle me précède, normal. Elle entre, regarde le bureau et fonce droit au fond du cabinet, direct mon siège opérateur pour y poser son sac à main. Puis elle revient s’installer au bureau.
Bonjour, bienvenue, aurais-tu égaré ton gps ?
Elle s’aperçoit de sa bourde, va chercher son sac et revient au bureau.
On ira faire un tour de manège sur le grand fauteuil, c’est promis. Mais d’abord, tu dois me dire qui tu es, pourquoi tu viens, tout ça, tout ça, qu’on fasse connaissance pour te détendre un peu. Ok ?
Comme à chaque nouveau patient, je constitue un dossier civil et un dossier médical. Puis vient la question fatidique :
- « avez-vous des problèmes de santé ? »
- « non »
- « prenez-vous des médicaments, tous les jours ? »
- « oui »
logiquement, si tu prends des médocs , c’est que t’es pas en bonne santé, c’est donc que tu as un problème de santé.
- « lesquels et contre quoi ? »
- « je perd les cheveux »
tant que ce n’est pas les dents, ça ne me concerne pas. Pas de problème pour moi.
- « êtes-vous allergique à certains médicaments ? »
- « oui »
là, j’écoute attentivement, c’est hyper important.
- « lesquels ? »
- « ceux aux herbes. »
???
- « pardon ? »
- « je ne peux pas toucher les herbes, sinon ça me donne des rougeurs sur les mains. Par exemple, le persil, le céleri… »
ça, c’est pour la soupe, y en a pas dans les médocs.
Puis fin de l’interrogatoire médical, on passe au fauteuil. Je constate et fais un bilan.
J’explique la solution thérapeutique envisagée. Elle acquiesce. J’annonce le détartrage immédiat et demande l’ouverture de la bouche ; elle s’ouvre mais les lèvres se pincent pour la refermer. Pas moyen de passer. A peine un peu d’eau dans la bouche, la voilà qui sursaute. Je vais répéter une dizaine de fois d’ouvrir la bouche et de détendre les lèvres, sans réel succès. Tant bien que mal, le détartrage sera exécuté.
Fin du soin , retour au bureau, planification des prochains rdv. Arrive le moment du paiement :
- « ah ? il faut payer à chaque fois ? »
- « oui »
- « ah ? avec mon ancien dentiste, je payais tout à fait à la fin, tout à la fois. »
- « pas ici. Vous payez au fur et à mesure et vous êtes remboursée au fur et à mesure. »
et tes courses au supermarché, tu les paies une fois par mois ?
ce système est tellement plus pratique pour tout le monde : petites sommes, remboursées dans les cinq jours ouvrés, pas de gros montant qui sort à la fin du mois, très peu d’impayés. Tout le monde y gagne.
Durant le reste de la matinée, je reçois une patiente qui veut une couronne neuve. Petit rappel : il y a quelques temps, elle a perdu sa couronne. Elle me demande de la lui re-sceller. Mais la couronne est abîmée ; je l’en avertie et lui annonce que le mieux serait de la refaire. Elle ne veut pas donc je re-scelle cette couronne. Quelques jours après, coup de fil, elle a changé d’avis, elle en veut une neuve.
Bien, bien, bien, maintenant que j’ai mis mon super ciment…t’aurais pas pu te décider avant ?
Donc ce matin, je vais m’escrimer à déposer cette fameuse couronne alors qu’il y a quelques temps, ça aurait tellement plus simple à faire.
Mmaaiiiss non trooop simple…

Dans l’après- midi, M.B téléphone car il voudrait un rdv. Mon assistante le lui donne et, comme il ne s’est pas présenté, lui demande son nom :
- « votre nom ,svp ? »
- « monsieur B. Et vous, c’est comment ? »
- « moi ? c’est ////. »
- « enchanté »
voilà, les présentations téléphoniques sont faites. Trop marrant.
Ensuite, il lui explique qu’il faut aussi un rdv pour sa femme. Mlle le lui fixe mais ce n’est pas le même jour que lui ( ben, non, on n’a plus de place avant quinze jours, alors on case où on peut selon l’urgence de la chose). Il lui explique alors qu’il faut qu’elle décale les rdv d’après pour que lui aussi puisse venir en même temps.
L’est gonflé, quand même…et la tronche de l’assistante…trop marrant « y va pas me dire comment faire mon boulot, non plus, non mais ! »
Hé ,oui, aujourd’hui , c’est vendredi.

Et lundi ? c’est férié. Donc mardi ça va être la cohue. Et comme on a le planning plein sur quinze jours, ça va être la fête !

jeudi 20 mars 2008

Le jour du printemps, ça sent pas la rose...

j’ai enfin récupéré ma turbine aujourd’hui. Bilan : le technicien de HS m’a octroyé une immense faveur en m’accordant la gratuité de la réparation en faisant marcher la garantie du matériel vieux d’il y a …sept mois !!! en plus, il me reproche de ne pas avoir lubrifié la turbine. Hors, j’entretien le matériel chaque jour. Je trouve un peu facile de reprocher à l’utilisateur un manque d’entretien plutôt que de reconnaître que le matos a probablement un problème. Et un vendeur qui ne garantie pas son matos plus d’un an, c’est quoi, ça ? c’est quoi cette entreprise ? du coup, je leur ai passé un petit coup de fil pour leur expliquer que je n’aime pas trop qu’on se paie ma tronche.
Donc HS peut aller se faire voir, je n’achèterai plus chez eux et je leur ferai une super pub auprès de mes confrères.
La suite de la journée n’était pas triste :
· d’abord Mme le sosie de jackie sardou :
c’est la fameuse dame du parapluie rouge ou vert (cf. les barjots dans mes Pages).
Aujourd’hui, elle a un rdv pour se faire soigner (les dents). Pendant qu’elle attend son tour, soit cinq minutes, elle tape la causette à mon assistante et lui explique tous ses ennuis bancaires, sans aucune timidité. Ainsi Mlle est au courant de tout : les achats sur internet, les découverts, les lettres de la banque, bref, la totale.
Je la soigne puis elle m’annonce qu’elle ne peut pas me payer.
Ben, voyons, tu pouvais pas le dire avant ?
Elle m’assure :
-« je vous paierai le 1er avril. Sans plaisanter. »
Je fais la tronche : se fout d’moi, la mère sardou ?
-« ne faites pas ces yeux là, docteur, vous avez ma parole. Je ne plaisante pas, vous avez ma parole »
-« vous n’avez pas intérêt à oublier, parce que sans nouvelle de vous le 2 avril, je vous envoie les huissiers. Vous avez ma parole»
-« oh ? »
tu m’crois pas ? tu veux essayer ?
· ensuite M.J, le sosie de Fidel Castro :
(tiens, c’est la journée des sosies aujourd’hui.)
Mlle m’envoie un message depuis l’accueil sur l’ordinateur :
‘’Fidel est arrivé et ça pue , c’est une infection’’.
Nous le soupçonnons de tirer sec sur le goulot. Je le reçois et effectivement, il foine. Ce n’est pas uniquement buccal, c’est entièrement corporel. Je remarque qu’il a coupé un peu de sa barbe. S’il avait pu aussi se laver, ne serait-ce qu’un peu…Et dans la bouche, c’est pas mieux. Il demande :
-« docteur, c’est quoi ça, là, qui me gêne ? »
-« de la plaque »
-« c’est pas du tartre ? »
-« nan, c’est de la crasse. En brossant bien, ça partira. Vous ne vous êtes pas brossé les dents ? »
-« non, j’ai pas mangé chez moi »
il m’énerve, c’est pas compliqué d’emmener sa brosse à dent au travail. Ou de se brosser les dents au cabinet juste avant le soin. J’ai installé un lavabo exprès et j’ai des patients qui le font. Je trouve ça respectueux pour moi et les en remercie.
La prochaine fois, j’t’lui file une brosse et je l’envoie se laver avant de le recevoir.
Je le soigne mais je suis obligée de lui répéter souvent d’ouvrir la bouche. Il referme régulièrement et trempe de salive le site de soin. Comment bien bosser avec un patient qui n’écoute rien ? j’ai l’impression qu’il s’en fout. J’ai beau lui expliquer ce que je fais et pourquoi je veux qu’il ouvre bien grand sa bouche, il me regarde et referme dès qu’il croit que je ne le vois pas.
C’est sûr, il fait exprès. Ou alors il est bête, tout simplement.
Pendant ce temps, j’entend mon assistante qui s’affaire à désodoriser la salle d’attente et l’accueil à grands coups d’air wick…
et dans la bouche de Fidel, ce serait pas un mal. Doit pas avoir de femme celui-là, pas possible, pas humain de supporter ça plus d’une demi-heure.
D’ailleurs, sa demi-heure est passée et j’ai terminé. Fidel s’en va et je me rue sur l’air wick pour vaporiser tout le cabinet. Mlle jette mon masque, j’ai l’impression que l’odeur y est incrustée.
· Puis vient une anglaise qui parle très bien français, c’est
assez rare pour être souligné. Elle est très sympa et propre, ça me change. Par contre, elle a une question bizarre : une de ses dents de devant est légèrement décalée des autres. Qu’y faire ? de l’orthodontie : se faire redresser les dents comme bon nombre d’ados, même si elle est adulte. Et elle me demande si l’orthodontiste le lui fera en un coup.
??? un coup…un coup de quoi ? de baguette magique ? voui, voui, un grand coup de massue et hop ! la dent est redressée…
mais non, voyons, il faut ‘’baguer’’ et le traitement prendra une bonne année, voire plus.
Z’ont de ces questions les gens, des fois.
· Ensuite, je reçois M.D :
Un autre crasseux pas très fin du ciboulot. Je dois dévitaliser une dent. Ça saigne énormément dès le début, je soupçonne qu’il a pris des cachetons. Il est le champion du cacheton. Quand il a mal aux dents, il avale un et un seul comprimé d’antibiotique et me soutient que ça va mieux. Ce qui est impossible car pour faire effet, il faut minimum 48 heures de prise d’antibio, à une certaine dose. Un anti-bio ne se prend pas n’importe comment, ce n’est pas un antidouleur ; ça se prend en cure de quelques jours, en fonction de la dose et des bactéries que l’on veut éradiquer. Donc de la pathologie que l’on veut combattre.
A quand un anti-bio anti-connerie ?
Donc je demande :
- « vous avez pris des médicaments contre la douleur ? »
- « oui »
- « lequel ? »
Il sourit mais il répond pas.
- « du doliprane ? »
- « non »
- « un paracétamol ? »
- « non »
- « de l’aspirine ? »
- « non »
- « de l’advil ? »
- « non »
bon, on joue pas aux devinettes, là. Tu vas me le dire le nom de ton médoc ? ch’uis sûre que t’as pris des anti-inflammatoires parce que ça saigne pas possible. Alors ?!
- « quel médicament avez-vous pris ? »
- « du nurofen. »
et t’es content…tu pouvais pas le dire ? les anti- inflammatoires font saigner. Alors quand on dévitalise, c’est le bazar. Faut pas en prendre avant de venir chez le dentiste. Et si j’avais du extraire ? on aurait passé la demi-heure à réaliser l’hémostase.
Bon, je finis par réussir à stopper ce maudit saignement. Je termine la séance, je suis en retard.
Il s’en va et nous désodorisons à nouveau le cabinet.
Dans quelques semaines vont arriver les chaleurs du printemps et avec elles, le retour des effluves corporelles. S’il vous plait, les gens, lavez-vous et mettez du sent-bon…
Au fait, aujourd’hui, c’était le printemps.

mercredi 19 mars 2008

Le dentier du siècle dernier : on en fait quoi ?

Hier, mon assistante s’est informée auprès du ronchon M.F afin de savoir s’il avait obtenu ses renseignements de sa complémentaire et s’il viendrait à son rdv de l’après midi.
Réponse négative, elle a donc annulé les rdv et donné la place à quelqu’un d’autre. Y en a marre d’attendre après lui.


Ce matin, un monsieur a appelé au sujet du dentier de sa maman de 95 ans ( la maman, pas le dentier…)
Il nous avait déjà contacté quelques jours auparavant pour nous annoncer que ça n’allait pas bien ( le dentier, pas la maman). Nous ne la connaissons pas, aucun dossier dentaire ni médical ni radio. Et à 95 ans, elle doit avoir toute la panoplie de médocs qu’on peut imaginer, avec quelques doublons ou médicaments en contre indication les uns avec les autres…ce problème arrive assez souvent : une liste de médocs longue comme le bras et un pauvre petit vieux qui, quand il les a tous pris, n’a plus faim pour le ptit déj. Alors souvent, il demande un truc, encore un, pour la digestion, l’appétit, la forme, le tonus etc…alors que parfois, alléger l’ordonnance ne ferait pas de mal. Le problème est que si le médecin ose diminuer la liste, il se fait incendier par le patient et la famille du patient. Car un bon médecin, ça doit scribouiller sur une ordonnance… C’est malheureusement, une idée trop répandue dans notre population d’hyper consommateurs de cachetons. Et lorsque le médecin prescrit un médoc dont la formule est identique à la gélule habituelle mais qui s’en distingue par son emballage, le patient se plaint qu’il ressent tous les effets secondaires, que le docteur patati patata, il ne l’a pas écouté, il lui a tout changé son quotidien, que depuis il ressent ceci cela. Du n’importe quoi mais c’est comme ça.
Voilà comment le petit vieux devient hyper drogué, la sécu se retrouve plombée et l’industrie pharmaceutique dorée. Et aussi comment le dentiste ne peut pas intervenir tranquillement tellement il y a de contre indications pour les soins. C’est alors un vrai casse tête, il faut vérifier la dizaine de médocs dans le vidal pour être sûr de pouvoir intervenir.
Pour en revenir à cette dame, le fils nous apprend qu’elle ne peut pas se déplacer de chez elle, que le dentier va mal et qu’il voudrait le faire réparer. Sans la patiente, ce ne sera peut etre pas possible mais j’accepte qu’il nous porte l’objet du délit afin, au moins, de lui donner un avis.
Et quel objet ! un dentier complet du bas dont la résine n’est plus rose mais marron comme le cuir de mes chaussures, rangé dans une boite en plastique, emmitouflé dans du coton. Quand Mlle a ouvert la boite, l’odeur qui s’en est échappée était telle que j’ai ordonné de refermer ce cachot de puanteur très vite. La prothèse ne se casse pas, elle se délite littéralement.
Mlle m’a demandé :
-« votre avis ? »
-« mon avis ? poubelle. »
J’ai personnellement été voir le fils pour lui donner mon avis : le dentier n’est pas présentable à un laboratoire de prothèse ( et donc encore moins à un dentiste…), il est dans un état lamentable et bon pour la benne à ordure. Il aurait fallu en faire un neuf dix ans auparavant.
Autrement dit, comment ce bonhomme n’a-t-il pas honte de présenter cet objet pour un dentier ? et comment n’a-t-il pas honte de laisser quelqu’un le porter ?
Il a bien compris le message et s’est retrouvé très gêné.
Mais qu’ont les gens dans leur tête ? ne se rendent-ils comptent de rien ? ou est-ce qu’ils s’en foutent ? y compris de leur propre famille ?

Ainsi est passée cette matinée. Quoi d’autre ? ah, c’est vrai, le ronchon a repris rdv pour dans quinze jours car il a reçu la réponse de sa mutuelle…affaire à suivre…

vendredi 14 mars 2008

Pierrot

Hier, j’ai donc reçu M.D pour son extraction.
J’ai décidé de le baptiser Pierrot.
Donc Pierrot sonne ( deux fois de suite) et entre avec sa dame. Mlle lui demande sa carte vitale, ce qu’elle fait à chaque patient car il faut un temps infini (parfois jusqu’à huit minutes !!! aux gens pour trouver leur carte verte.).
- « d’abord, elle travaille, je la paierai après » déclare-t-il, méfiant.
Comme si j’allais faire semblant de lui extraire sa ratiche…en plus, la carte vitale ne sert pas de moyen de paiement mais au remboursement.
L’assistante insiste et les deux petits vieux décident que madame retourne à la maison chercher la carte demandée.
- « tu viens avec moi » demande-t-elle à son mari.
- « non, lui, il reste ici et vous, vous retournez à la maison » oblige Mlle.
Ben, oui, parce que s’il est à la maison , le Pierrot, comment fais-je pour lui retirer sa quenotte ?
Donc il reste, elle part.
Je le reçois et là ça démarre.
- « vous voulez le papier du rdv ? »
- « non merci, je n’en ai pas besoin. »
si t’es là, c’est que t’avais rdv, j’ai pas besoin de voir ton carton d’invitation.
- « si vous voulez je peux vous le montrer. »
- « non, ce n’est pas la peine. Je sais que vous avez rdv. »
Il serre sa sacoche contre lui et observe le fauteuil.
Voui, c’est là que tu t’assois. Allez, on y va.
Il recule.
Ben, non, il y va pas.
- « vous allez me l’arracher ? »
- « oui »
- « mais…y a la racine au bout »
c’est comme les patates, y a la racine avec…bon, tu t’assois, oui ?
- « oui, je vais tout enlever. »
- « vous croyez ? »
- « oui. Venez vous asseoir » dis-je patiemment.
Il s’avance jusqu’au fauteuil avec sa sacoche bien en main. Il va s’asseoir ! ça y est , il y est presque ! afin de l’aider, je le débarrasse de sa sacoche que je pose sur le bureau.
Zut !
Le voilà qui se relève et va la chercher. Il me fait face et l’ouvre. Il en sort un grand mouchoir normalement bleu mais plutôt marron et le déplie pour en révéler : son dentier ; l’espace d’un instant, il me fait voir son appareil dentaire ( qui forcément m’intéresse puisque c’est mon taf) en me regardant droit dans les yeux, l’air de dire « tu le vois mon dentier ? et ben, tu le verras plus ». Puis, lentement, il fourre le fameux objet dans la sacoche qu’il repose sur le bureau et garde son mouchoir crasseux en main. Tout cela, sans me quitter de ses grands yeux. Au cas où je tenterais de lui faucher son ratelier.
Enfin il s’approche du fauteuil.
- « installez-vous ».
Il s’arrête :
- « vous le voulez, le papier du rdv ? »
- « non merci. Venez vous asseoir… »
il approche, il approche, ça y est, il est assis ! victoire !
- « et vous allez tout me l’arracher ? »
- « oui »
- « mais la racine aussi ? »
- « oui »
- « et vous allez me faire la piqûre avant ? »
- « oui »
- « mais vous allez endormir la place avant, hein ? »
??? endormir la place ? quelle place ?
Je le fais répéter. Je comprend alors qu’il veut la crème avant anesthésie comme les gamins.
- « vous allez endormir la place ? » répète-til.
- « oui »
- « parce que je les crains les piqûres, hein, je les crains. »
Je décoche l’anesthésie vite fait bien fait, je saisi la dent avec une compresse et tire un coup sec. Plus de dent en place. Je le fais mordre sur une autre compresse pour réaliser l’hémostase. Il continue à tchatcher mais c’est incompréhensible.
- « ggnnn, gnn, gnnn ? » je pige rien.
Sur l’ordinateur, il y a un message de l’assistante : ‘’ sa femme vient de repasser devant la porte du cabinet mais ne s’est pas arrêtée. Elle cherche… ‘’
Bah, arrivée au bout du trottoir, elle fera bien demi-tour, non ?
Je donne les recommandations d’usage à Pierrot en remontant le fauteuil. A ce moment là, madame entre dans le cabinet sans frapper.
Salut, fais comme chez toi, prends une chaise.
Pierrot se lève et me pose des tas de questions avec la compresse dans la bouche. Comme je n’y comprend rien de rien, il l’enlève mais, à cause de l’anesthésie, ce n’est pas vraiment mieux.
- « ggnn gnn la ‘acine au’’i ? »
- « oui, j’ai tout sorti. La dent et la racine »
- « aahhh, ‘est ‘ien, ai ‘ien ‘enti ».
Pendant que je le fais régler, il me pose des questions que j’identifie concerner son dentier et auxquelles j’essaie de répondre du mieux que je peux avec les quelques mots que je réussis à capter. Je tente quelques coups d’œil à sa femme, attendant une aide de traduction mais rien ne vient ; elle reste muette. J’ai bien l’impression qu’il veut revenir. Il articule :
- « comme c’est bien, on revient »
je suis pas sortie de l’auberge…
il veut effectivement un autre rdv pour que je revois son appareil dentaire.
On va se marrer dans les prochaines semaines.
Avant de partir, Pierrot recommence ses questions. Un coup d’œil à l’assistante qui hausse les épaules en souriant. Je suis très ennuyée car il attend une réponse, ses grands yeux fixés sur moi. C’est totalement incompréhensible. Je le congédie doucement.
Juste avant de sortir, il redemande si j’ai pensé à sortir la racine avec la dent…
Mlle est pliée de rire.
- « ne vous marrez pas trop, il est capable de revenir dans cinq minutes. »

Cet épisode, c’était hier.
Et ce matin ? deux coups de sonnette résonnent.
- « c’est Pierrot » dis-je à Mlle.
- « non ? vous croyez ? »
elle ouvre la porte qui va à l’accueil :
- « gagné »
- « bonjour, vous avez pas trouvé ma carte bleue ? »
- « non. Vous avez payé par chèque hier »
- « et ma carte bleue, vous l’avez pas trouvée ? »
- « non. »
- « ah ? …j’ai pas eu mal du tout. Et elle a bien sorti la racine ? »
- « oui, elle a TOUT sorti. »
- « vous voulez pas regarder ? » propose-t-il à l’assistante.
- « non. Vous avez mal ? »
- « non, non. J’ai pas mal du tout. Je suis très content. Je vais parler d’elle, hein, vous pouvez lui dire, hein. Et ma carte bleue ? vous avez pas trouvé ma carte bleue ? »
- « non, je ne l’ai pas trouvée »
Finalement, il s’en va chercher ailleurs. Demain, c’est samedi, c’est fermé, pas de risque qu’il se re-pointe. Mais lundi ?

jeudi 13 mars 2008

En panne de turbine

Voilà, ma turbine neuve de 7 mois refuse de démarrer après une semaine de congés. Que faire ? si je l’ouvre, le vendeur me le reprochera et ne voudra pas faire marcher la garantie. En même temps, je pense qu’il s’agit d’un petit joint qui a séché et qui coince le roulement. Tant pis, j’appelle le vendeur HS. Il envoie un coursier chercher la turbine, je dois l’empaqueter dans une enveloppe à bulles. J’en ai une dans un tiroir, elle porte déjà une étiquette de chez MGD mais si je la raye et que je note les coordonnées du vendeur HS, ça devrait aller. On raye l’ancienne adresse au marqueur noir indélébile.
Le coursier est prévenu que le colis est prêt et qu’il faut l’envoyer au vendeur HS.
Le vendeur HS est prévenu.
Le coursier passe. Il emporte le colis. Il nous assure qu’il connaît la destination du colis.
Le lendemain, le colis revient. De chez le vendeur MGD.
??? qu’est ce ma turbine a été faire chez MGD ? Mlle ouvre le colis. Rien n’a été fait, à part promener ma turbine.
??? elle appelle HS : z’ont pas vu passer notre colis.
Elle appelle MGD : z’ont vu passer le colis mais nous l’ont renvoyé car savaient pas quoi en faire.
Tu m’étonnes, ils n’ont rien à y voir.
Elle appelle le coursier : plutôt que de lire l’adresse de HS inscrite en grand sur l’enveloppe, il s’est bien appliqué à déchiffrer l’ancienne adresse masquée au feutre noir. Et il a envoyé le colis à l’adresse rayée.
Y font exprès ? z’ont que ça à faire ?
On a refait le colis aujourd’hui, avec une nouvelle enveloppe.
Je sais pas pourquoi, j’ai un mauvais pressentiment…

mardi 11 mars 2008

Suite des ronchonneries :

Dès que le cabinet a été réouvert (et pris d’assaut…c’est fou ce qu’on leur a manqué pendant une semaine), M.F, notre champion de ronchon, est revenu nous porter un fax indiquant que le devis refait ne convenait toujours pas à sa complémentaire. Et pour cause : il a renvoyé le vieux devis ( ! ), pas le dernier mis à jour.
Ah, si seulement, il avait jeté le vieux, il ne s’y serait pas mélangé les pinceaux…

jeudi 6 mars 2008

Fabrice et le dentifrice.

Fabrice est un jeune homme de 21 ans et …toutes ses dents ?
Ça, pour le savoir, il faudrait les voir. Et l’autre jour, je n’ai pas pu. Non qu’il aie refusé d’ouvrir la bouche. C’est moi qui la lui ai refermée de force.
Si !si !
Il consultait car ses gencives saignaient. Et comme il avait peur que ce soit le signe du début d’une grave maladie, il avait stoppé tout brossage.
Quand il a ouvert, l’épaisseur de crasse ( une pareille quantité ne peut être qualifiée de plaque mais de crasse) m’a effrayée et j’ai vite refermé cette antre bactérienne de peur que des bêtes sortent de là dedans et ne me dévorent toute entière.
Vous imaginez les gros titres ? :’’ une dentiste liquéfiée par les bactéries buccales d’un de ses patients’’…
Et devinez depuis combien de temps il ne s’était pas brossé les dents ?

Combien de temps pourriez-vous tenir, vous ? trois jours ? une semaine ? ok, en camping sauvage, je tiens trois jours. Pas plus, je peux pas. Et lui ?
Un mois ! un mois !!!
Plus vous laissez de plaque, plus les gencives s’irritent, plus elles gonflent et saignent. C’est une gingivite. Imaginez au bout d’un mois !!!
J’ai prescrit brosse à dent, dentifrice, bain de bouche, à faire tous les jours.
-« pendant combien de temps ? »
-« tout le temps, tous les jours, toute l’année »
-« dans quel sens faut-il brosser ? »
-« tous les sens, Fabrice, tous les sens. Surtout frotte bien, y a de quoi ».
Vue l’odeur que tu dégages, t’es pas près de trouver femme…

mercredi 5 mars 2008

Un monument de ronchonnerie à lui tout seul: M.F

Episode 1 : Quand Mlle rencontre M.F.

M.F est un ronchon comme on n’en fait plus. Enfin, j’espère.
Un jour, M.F se présente à son rdv, découvre l’assistante toute neuve et se dit probablement que puisqu’elle débute , il est temps de la bizuter. Et il lui assène :
-« tenez, c’est ma liste de médicaments, notez cela dans mon dossier », en lui tendant son ordonnance médicale. Mon assistante n’est pas formée à cela et ce n’est pas son travail. C’est au docteur de compléter un dossier médical , pas à une assistante.
-« non, monsieur, le docteur le fera tout à l’heure »
quel outrage ! quelle outrecuidance ! il s’ écrie alors :
-« mais à quoi vous servez vous ici alors ? »
-« je fais mon travail, monsieur et cela n’est pas mon travail »
Là, je vois rappliquer mon assistante avec la tronche de je-viens-de-m-engueler-avec-un-con-à-l-accueil ; elle me rapporte l’altercation. Je souris.
Et la première chose que lui me dit en entrant est :
-« à quoi elle sert celle là, ici ? elle n’a pas voulu noter mes médicaments dans mon dossier »
Bien, ils ont fait connaissance et je vais pas les marier , ces deux-là.
Je calme le vieux ronchon en expliquant sans relever la remarque désobligeante qu’il est bien connu de mon cabinet et que toutes les informations médicales importantes sont déjà notées.
-« mais c’est que c’est très important, vous savez, tout ces médicaments que je prends. Vous le savez, docteur ? »
non, non, j’exerce au pifomètre, pourquoi ?

Episode 2 :l'ordonnance.


Quelques séances suivantes, M.F et Mlle sont toujours autant amoureux l’un de l’autre. Je prescris des médicaments à M.F en vue d’une intervention banale. Comme c’est un inquiet, j’explique, cliché radio à l’appui, ce que je ferai, pourquoi, comment, je répète le tout quatre fois. Au bureau, je re-explique l’ordonnance que j’ai imprimée car, à l’instar de mes confrères, je n’ai pas une écriture lisible. Ce n’est pas non plus indéchiffrable, les gens parviennent à me lire la plupart du temps. Mais je prends des précautions avec ce vieux môsieur et comme le rdv suivant est planifié plusieurs semaines plus tard, j’inscris donc à la main, au bas de l’ordonnance, des commentaires : prendre tel médicament à telle date, tel autre tel jour.
M.F se met à tortiller sur la chaise.
Diable, quelque chose ne va pas. Il va piquer sa crise.
Il devient blanc puis rouge puis enrage :
- « vous pourriez imprimer quand même ! qu’est ce qui est écrit ? »
- « la même chose que ce que je vous ai expliqué cinq fois maintenant. »
- « oui, je lis, je lis, mais c’est pas évident pour moi de comprendre »
- « c’est pour cela que j’explique »
- « oui mais c’est pas évident pour moi de retenir »
- « c’est pour cela que j’écris »
- « pourquoi vous n’imprimez pas ce que vous écrivez ? »
- « c’est une ordonnance, elle est imprimée ; le reste n’est pas imprimé car ce sont des commentaires que j’écris juste pour vous être agréable. »
J’attends, il ergote, il rouspète.
ça monte , papi, ça va pas tarder à péter, si tu me cherches, tu vas me trouver.
- « mais quand même, vous pourriez faire un effort… »
- « écoutez, M .F, j’ai fait suffisamment d’efforts comme cela ; cela fait un quart d’heure que je vous donne des explications mais ça ne vous va pas. Alors, voilà, ce que nous allons faire : vous allez aller vous faire soigner dans un autre cabinet, tester la patience et l’amabilité de mes confrères et puis vous reviendrez me dire si ça vous a plu ».
M.F est devenu tout blanc.
- « vous n’êtes jamais content de ce qu’on fait pour vous, il faut toujours que vous trouviez à redire. »
- « non, non, ce n’est pas la peine ».

M.F se lève, je lui donne le choix de revenir ou pas ; mais s’il décidait d’aller essayer ailleurs, qu’il ait la politesse d’annuler son rdv chez nous. Merci.
- « ici ou ailleurs, c’est pareil, le personnel de nos jours… »
- « je ne suis pas votre personnel, M.F, je suis une praticienne qui en a marre de vous. »

Fin de la discussion .
Au rdv suivant, il est doux comme un agneau.

Episode 3 : M.F revient mettre l’ambiance…

Puis M.F eut besoin d’un devis ; je le fis mais il ne convenait pas à son organisme de complémentaire. Gentiment, j’acceptais de le refaire avec plus de détails bien que je n’y sois pas obligée et que je puisse envoyer balader cet organisme.
Seulement, M.F nous avait laissé le courrier de la complémentaire et, comme ça encombrait mon bureau, je l’ai jetée. Après tout, ce n'était qu'une banale lettre administrative, du blabla qui demandait un peu plus de précision concernant le devis, rien de vraiment important.
Erreur, erreur…
Donc M.F est arrivé et il récupère son devis. Evidemment, il demande son courrier. Mlle respire puis répond que nous l’avons jeté à la poubelle. Il n’avait pas précisé qu’il souhaitait le récupérer. Ça y est, c’est la crise. Je sors du cabinet avant que mon assistante ne le bouffe tout cru.
Il s’énerve :
- « ça va pas, non ? il ne faut jamais jeter un courrier ! c’est très très important ! un courrier , ça se conserve au moins cinq ans ! ou dix ans !»
Il gesticule dans tous les sens, faisant aller les bras de haut en bas, de bas en haut. C’est qu’il a la forme pour un retraité …
en même temps, ton courrier, si t’as réussi à l’envoyer une fois, tu devrais y arriver une deuxième et avec un peu de chance, le facteur devrait aussi réussir à le distribuer au bon endroit et encore avec un peu de chance, comme y a ton nom sur le devis, les secrétaires de la complémentaire devraient réussir à t’identifier. Surtout que toi, t’écris bien.
Je ne lui répond pas, je me tourne vers Mlle pour lui donner des indications concernant un autre travail qu’elle a à faire. Il s’énerve tout seul, gesticule, parle fort. Soudain, une pause, il s’arrête. Je me retourne avec l’air surpris
tiens , t’es encore là, le ronchon ?
Il doit être fatigué, j’en profite pour lui asséner le coup de grâce :
- « j’annule le rdv de mars, M.F »
boum, il devient blanc.
- « comment ? »
- « j’annule le rdv de mars. »
- « aahhh ??? mais pourquoi ? »
Je savoure un instant.
ch'uis sympa ou pas? j't'tend une perche pour te rattraper?
- « ben, vu que vous n'aurez pas la réponse pour le devis, le mieux, c’est d’annuler le rdv et de reporter »
raahh, ch’uis trop bonne pâte, ça va me revenir dans la figure, ça
- « mais si je vous appelle le matin pour l’après-midi ? »
- « ben, non, car votre place, on va la donner à quelqu’un d’autre ».
ça, ça lui fout la trouille : elles vont filer ma place à un autre !
-« mais si je vous donne la réponse la semaine prochaine ? »
Mlle répond que la semaine prochaine nous serons absentes puisqu’en vacances…erreur, erreur.
Je lui pardonne, elle est encore toute nouvelle dans le métier et n’en connaît pas les ficelles.
Et voilà M.F reparti en gesticulations :
- « quoi ? qquuuoooaaaa ? vous prenez des vacances ? »

mouais, du temps libre et tranquille où on t’entend plus gueuler parce que la lune ne s’est pas levée du bon coté….
Finalement, j’ai décalé son rdv d’une semaine. Beaucoup de mes confrères l'aurait sorti, peut être aurais-je dû moi aussi. La suite nous le dira.
Mlle et moi l’avons laissé râler tout seul à l’accueil à propos des vacances des praticiens médicaux.
Il y avait M.S dans la salle d’attente qui a tout entendu. Inquiet, il est venu demander à l’assistante si ça allait. Nous l’avons rassuré en rigolant. Nous avons l’habitude maintenant. Celle qui est à plaindre, c’est la femme de M.F…