coup de gueule contre la SNCF

comme à chaque mois de novembre et comme la plupart de mes consoeurs et confrères, je me suis rendue au pélerinage des dentistes, l'adf, au palais des congrès de paris.
j'avais acheté mon billet de train en spécifiant que je voulais le trajet aller le mercredi 26 novembre et rentrer le samedi suivant, sans préciser la date du samedi car je l'ignorais. et comme la guichetière sncf possède un calendrier sur son ordi, c'était plus facile pour elle. elle m'a donc vendu les billets, j'ai payé et elle m'a glissé les billets bien rangés dans une enveloppe. je suis repartie sans vérifier. or, le samedi du retour, il s'est avéré que le billet de retour avait été édité en date du 28 novembre, soit le vendredi et non le samedi comme je l'avais demandé. faisant confiance à la guichetière, je n'ai à aucun moment jugé nécessaire de vérifier. hélas, sachez que la sncf tamponne les billets dès que la guichetière vous les vend, de la mention '' ticket vérifié par le client". autrement dit, la guichetière, même si elle se trompe, ce qui a été mon cas, est hors de cause dès le moment où vous prenez possession des billets dans votre petite main innocente. et une fois dans le train, vous ne pouvez rien opposer , sinon votre colère, aux controleurs qui vous font repayer le billet plein tarif. autrement dit, vous payez deux fois pour ne voyager qu'une fois! belle arnaque de la sncf.
bref, dans le train, ça s'est mal passé et ça a failli finir au poste des flics tellement j'étais en colère. mon job n'est pas de vérifier le boulot de la guichetière sncf.
dorénavant, j'irai en avion.
mais pour celui qui n'en a pas les moyens , il se fera bais.. par la sncf.


vendredi 28 mars 2008

Les cloches sont passées. Il y en a quelques unes qui sont restées…

Mardi 25 mars
Ce week-end, les cloches sont passées. Il y en a quelques unes qui sont restées…

Ce mardi matin, reprise plein pot après un lundi chômé.
Et kiké venu nous voir ?…Pierrot, bien sûr. Son rdv est la semaine prochaine mais il est quand même passé. La sonnette a doublement retentie et j’ai su, j’ai su que c’était lui :
Oh, non…ben, si.
Il a expliqué à l’assistante qu’il a les gencives qui « s’usent ».
Y a pas que là que ça s’use…
Il faudrait le voir, vite.
De quoi t’as peur Pierrot ? que tes gencives disparaissent d’ici à la semaine prochaine ?
Et les autres patients ? z’ont pas besoin d’être vus, eux ? d’autant qu’ils ont rdv, eux.
C’est vraiment pas possible de le voir, là, aujourd’hui, maintenant, tout de suite ?
Ben, non. Chacun son tour.
Ce coup-ci, j’en suis sûre, j’ai un fan…
Un peu plus tôt dans la matinée, je recevais un couple de nouveaux patients, M et Mme C . Je vais chercher M.C et l’appelle dans la salle d’attente. Il se reconnaît et arrive, talonné par madame. Comme je n’ai appelé que monsieur, j’interroge la dame du regard :
où tu vas, toi ?
- « je suis son épouse, je viens aussi »
t’as peur que je le viole ? t’inquiètes pas, y a aucun risque.
Donc voilà que j’embarque les deux dans le cabinet.
Pourquoi les couples se sentent-ils obligés de venir ensemble à la consultation ? c’est une question que je me pose de plus en plus…
Interrogatoire médical classique; je m’adresse en premier à monsieur :
- « monsieur, avez-vous des problèmes de santé particulier ? »
- « non. »
- « prenez-vous des médicaments ? »
- « oui, du plavix, j’ai fait trois AVC… »
et ça , c’est pas un problème de santé, peut être ?
nota :
1. plavix est un anti coagulant, à prendre en compte lors des soins dentaires et surtout surtout lors d’une extraction car il y a un risque hémorragique.
2. Avc = accident vasculo cérébral.
Il s’installe sur le fauteuil : il est bourré de caries et de dents cassées.
- « qui était votre dentiste avant ?»
- « mon frère »
aïe. Ne gaffons pas.
Voui, mais ce que je veux connaître, c’est son nom, tu vois ? parce que si tu veux te faire mousser parce que t’as un frère dentiste, ça marchera pas.
- « et c’est qui ? »
- « le docteur C ».
Merci pour l’info.
Je fais le bilan et annonce les (mauvaises) nouvelles : tout le coté maxillaire gauche à refaire et puis après, le coté droit. Il me regarde, incrédule.
Je passe à madame. Je n’ai pas le temps de poser de question, elle tchatche toute seule. Elle pose des questions mais pas le temps de donner une réponse, la voilà qui en pose une suivante. Pas moyen de donner la moindre explication. Chaque phrase que j’entame, elle me coupe la parole, conteste, donne sa propre explication. Du style :
- « ici, c’est une couronne, vous voyez ? »
- « voui… »
- « là, ça en est une autre »
- « voui »
heureusement que tu me le dis, sinon, je m’en serais pas aperçue. C’est un peu mon métier, voyez-vous, les dentounes ; les vraies, les fausses. Cc’est comme si je disais à mon garagiste où se trouve le moteur et les roues sur ma voiture.
Finalement :
- « je voudrais bien vous expliquer mais vous ne m’en laissez pas le loisir, madame ».
ça y est, le moulin à questions s’est arrêté.
Bilan, plan de traitement. Merci, au revoir.
Il n’y a rien à en tirer, ils sont têtus comme des mules, savent tout sur leur état buccal car le frangin était dentologue. Pas la peine de s’attarder, il y a des gens bien plus sympas à soigner.

Jeudi 27 mars : Caroline.

M.B vient pour que je rescelle son bridge. C’est celui qui a demandé son prénom à l’assistante au téléphone et qui lui expliquait comment gérer le carnet de rdv.
Le bridge est percé en deux endroits, il faudra le refaire.
- « c’est vous qui l’avez fait , ce bridge, docteur. »
- « non, monsieur »
- « si, si , c’est vous. »
mais enfin , si je te dis que non. Pourquoi je mentirais ? quel intérêt ? je sors ma super parade à ce genre d’idiotie, c’est imparable :
- « ah ? ben, alors, j’ai oublié de vous le faire payer… »
je sais ce que je fais ou pas et si j’oublie, mon ordinateur et mes fichiers se souviennent pour moi. Pas de traces de ce bridge dans mes annales.
Il réfléchit intensément puis me dit :
- « je t’assure que c’est TOI qui me l’a fait ce bridge, Caroline »
?????????????
- « pardon ? »
?????? d’abord, on ne se tutoie pas, tu seras bien gentil et pis, en plus, moi, c’est pas Caroline.
Hou la la, il a l’air de bien mouliner de la capuche, lui, aujourd’hui…
Il se reprend :
- « euh, non, madame, c’est peut être pas vous qui l’avez fait alors. »
- « non ».
Je l’observe et je me demande s’il est avec moi sur Terre.
Fin de la consultation. Une fois parti, Mlle m’annonce qu’il a laissé de petites cartes de visites dans la salle d’attente, vantant les mérites d’un moteur écologique.
Caroline…

Puis vient un solide gaillard que je soigne régulièrement. Un gars très sympa avec qui j’aime bien discuter. Mais aujourd’hui, il m’amuse :
- « je me suis acheté une nouvelle brosse à dent »
toutes mes félicitations.
- « elle vibre »
Je l’imagine en train de se brosser les dents avec sa brosse qui vibre. Je n’ai rien ajouté de peur que ça ne dérape.
Et ça te plait quand ça vibre ? morte de rire…

Un peu plus tard dans l’après-midi, Mme L revient pour terminer ses soins. Elle avait une infection sous un bridge ( voir l’article sur la panne d’électricité) et j’ai réussi, j’espère, à la guérir. Enfin, le résultat se verra dans quelques mois. Pour l’instant tout va bien, mis à part un herpès labial. Je prescris ce qu’il faut et nous discutons.
- « oh, c’est que… en ce moment, ça ne va pas…je suis allée à la neige et depuis j’ai cet herpès »
- « vous partez en week-end à la neige et ça ne va pas ? mais il y a plein de gens à qui ça irait très bien »
- « oh oui, mais moi, je le fais pour faire plaisir. Mais je n’aime pas la montagne, je préfère la mer »
m’aurait étonnée…
- « et puis, j’ai mal aux cotes. J’ai des douleurs, le médecin pense que c’est des déchirures. Vous y croyez, vous ? »
- « s’il le dit, c’est ce que c’est ça »
je suis dentiste, pas toubib. Et pis, l’est pas fou, le toubib.
- « j’ai peur que ce soit un cancer. »
- « vous avez mal des deux cotés ou d’un seul ? »
- « des deux, là et là » me montre-t-elle.
Vu où ça se situe et ce que tu me montres, c’est bien des déchirures. Non, c’est pas un cancer ; non c’est pas non plus un cancer des cotes des deux cotés, non, non.
- « et puis ça ne va pas car il ne fait pas beau »
ennuyeux ça mais si on attend un peu, ça va passer…
- « et puis vous allez vous absenter pendant quelques temps et ça m’inquiète »
- « pourquoi ? je vous soigne avant mon absence de manière à ce que vous soyez tranquille. »
- « mais s’il m’arrive quelques chose ? »
- « vous irez voir un confrère. Il s’occupera de vous dans l’intervalle ».
je m’absente pour raisons personnelles un petit moment, j’ai déjà prévenu la patientèle depuis plusieurs mois. Personne n’est pris en traître. Et je ne suis pas la seule dentiste de France !
- « oh la la , ce que ça m’inquiète que vous soyez pas là »
marrant comme remarque : les gens détestent venir me voir, certains passent deux ou trois ans sans venir et je ne leur manque pas mais à l’annonce de mon absence future relativement courte, ils paniquent et s’inquiètent.

A 17hOO, M.D vient pour que j’obture définitivement sa canine haut droite que j’ai dévitalisé la semaine dernière. D’entrée, il m’annonce :
- « pour une fois, ce que vous avez fait, ça y a fait. »
prends toi ça dans la tronche, docteur. Parce que jusqu’alors, ça allait pas ? ben pourquoi tu revenais alors ?
il poursuit :
- « car depuis que vous m’avez soigné cette dent ( la canine haut droite), je n’ai plus mal du tout à ma dent de sagesse (haut gauche). »
Je le regarde, moitié contente qu’il n’ait plus mal, moitié méfiante ‘’ il se paie ma pomme’’, moitié ahurie par une telle ineptie.
Oui, je sais, ça fait trois moitiés. Mais faut bien ça avec lui. Vu que c’est humainement pas possible ce qu’il me dit.
Donc je me sens vachement fière de moi, je soigne à droite et les douleurs à gauche disparaissent. C’est mon coté ‘’fille de Garcimore’’. Si, si…

Aujourd’hui, c’était une bonne journée, j’ai fait de la magie.

N’est ce pas, Caroline ?

samedi 22 mars 2008

Le vendredi, c'est freaks.

Aujourd’hui, c’est vendredi. Avec mon assistante, nous nous sommes aperçues que c’est le jour des gens étranges, tant dans leur comportement que dans leurs questions. Je les ai surnommés les Freaks.
Première patiente, première freak : Mme C, inconnue au bataillon de mes souffrants.
Je la reçois, la porte du cabinet est ouverte, elle me précède, normal. Elle entre, regarde le bureau et fonce droit au fond du cabinet, direct mon siège opérateur pour y poser son sac à main. Puis elle revient s’installer au bureau.
Bonjour, bienvenue, aurais-tu égaré ton gps ?
Elle s’aperçoit de sa bourde, va chercher son sac et revient au bureau.
On ira faire un tour de manège sur le grand fauteuil, c’est promis. Mais d’abord, tu dois me dire qui tu es, pourquoi tu viens, tout ça, tout ça, qu’on fasse connaissance pour te détendre un peu. Ok ?
Comme à chaque nouveau patient, je constitue un dossier civil et un dossier médical. Puis vient la question fatidique :
- « avez-vous des problèmes de santé ? »
- « non »
- « prenez-vous des médicaments, tous les jours ? »
- « oui »
logiquement, si tu prends des médocs , c’est que t’es pas en bonne santé, c’est donc que tu as un problème de santé.
- « lesquels et contre quoi ? »
- « je perd les cheveux »
tant que ce n’est pas les dents, ça ne me concerne pas. Pas de problème pour moi.
- « êtes-vous allergique à certains médicaments ? »
- « oui »
là, j’écoute attentivement, c’est hyper important.
- « lesquels ? »
- « ceux aux herbes. »
???
- « pardon ? »
- « je ne peux pas toucher les herbes, sinon ça me donne des rougeurs sur les mains. Par exemple, le persil, le céleri… »
ça, c’est pour la soupe, y en a pas dans les médocs.
Puis fin de l’interrogatoire médical, on passe au fauteuil. Je constate et fais un bilan.
J’explique la solution thérapeutique envisagée. Elle acquiesce. J’annonce le détartrage immédiat et demande l’ouverture de la bouche ; elle s’ouvre mais les lèvres se pincent pour la refermer. Pas moyen de passer. A peine un peu d’eau dans la bouche, la voilà qui sursaute. Je vais répéter une dizaine de fois d’ouvrir la bouche et de détendre les lèvres, sans réel succès. Tant bien que mal, le détartrage sera exécuté.
Fin du soin , retour au bureau, planification des prochains rdv. Arrive le moment du paiement :
- « ah ? il faut payer à chaque fois ? »
- « oui »
- « ah ? avec mon ancien dentiste, je payais tout à fait à la fin, tout à la fois. »
- « pas ici. Vous payez au fur et à mesure et vous êtes remboursée au fur et à mesure. »
et tes courses au supermarché, tu les paies une fois par mois ?
ce système est tellement plus pratique pour tout le monde : petites sommes, remboursées dans les cinq jours ouvrés, pas de gros montant qui sort à la fin du mois, très peu d’impayés. Tout le monde y gagne.
Durant le reste de la matinée, je reçois une patiente qui veut une couronne neuve. Petit rappel : il y a quelques temps, elle a perdu sa couronne. Elle me demande de la lui re-sceller. Mais la couronne est abîmée ; je l’en avertie et lui annonce que le mieux serait de la refaire. Elle ne veut pas donc je re-scelle cette couronne. Quelques jours après, coup de fil, elle a changé d’avis, elle en veut une neuve.
Bien, bien, bien, maintenant que j’ai mis mon super ciment…t’aurais pas pu te décider avant ?
Donc ce matin, je vais m’escrimer à déposer cette fameuse couronne alors qu’il y a quelques temps, ça aurait tellement plus simple à faire.
Mmaaiiiss non trooop simple…

Dans l’après- midi, M.B téléphone car il voudrait un rdv. Mon assistante le lui donne et, comme il ne s’est pas présenté, lui demande son nom :
- « votre nom ,svp ? »
- « monsieur B. Et vous, c’est comment ? »
- « moi ? c’est ////. »
- « enchanté »
voilà, les présentations téléphoniques sont faites. Trop marrant.
Ensuite, il lui explique qu’il faut aussi un rdv pour sa femme. Mlle le lui fixe mais ce n’est pas le même jour que lui ( ben, non, on n’a plus de place avant quinze jours, alors on case où on peut selon l’urgence de la chose). Il lui explique alors qu’il faut qu’elle décale les rdv d’après pour que lui aussi puisse venir en même temps.
L’est gonflé, quand même…et la tronche de l’assistante…trop marrant « y va pas me dire comment faire mon boulot, non plus, non mais ! »
Hé ,oui, aujourd’hui , c’est vendredi.

Et lundi ? c’est férié. Donc mardi ça va être la cohue. Et comme on a le planning plein sur quinze jours, ça va être la fête !

jeudi 20 mars 2008

Le jour du printemps, ça sent pas la rose...

j’ai enfin récupéré ma turbine aujourd’hui. Bilan : le technicien de HS m’a octroyé une immense faveur en m’accordant la gratuité de la réparation en faisant marcher la garantie du matériel vieux d’il y a …sept mois !!! en plus, il me reproche de ne pas avoir lubrifié la turbine. Hors, j’entretien le matériel chaque jour. Je trouve un peu facile de reprocher à l’utilisateur un manque d’entretien plutôt que de reconnaître que le matos a probablement un problème. Et un vendeur qui ne garantie pas son matos plus d’un an, c’est quoi, ça ? c’est quoi cette entreprise ? du coup, je leur ai passé un petit coup de fil pour leur expliquer que je n’aime pas trop qu’on se paie ma tronche.
Donc HS peut aller se faire voir, je n’achèterai plus chez eux et je leur ferai une super pub auprès de mes confrères.
La suite de la journée n’était pas triste :
· d’abord Mme le sosie de jackie sardou :
c’est la fameuse dame du parapluie rouge ou vert (cf. les barjots dans mes Pages).
Aujourd’hui, elle a un rdv pour se faire soigner (les dents). Pendant qu’elle attend son tour, soit cinq minutes, elle tape la causette à mon assistante et lui explique tous ses ennuis bancaires, sans aucune timidité. Ainsi Mlle est au courant de tout : les achats sur internet, les découverts, les lettres de la banque, bref, la totale.
Je la soigne puis elle m’annonce qu’elle ne peut pas me payer.
Ben, voyons, tu pouvais pas le dire avant ?
Elle m’assure :
-« je vous paierai le 1er avril. Sans plaisanter. »
Je fais la tronche : se fout d’moi, la mère sardou ?
-« ne faites pas ces yeux là, docteur, vous avez ma parole. Je ne plaisante pas, vous avez ma parole »
-« vous n’avez pas intérêt à oublier, parce que sans nouvelle de vous le 2 avril, je vous envoie les huissiers. Vous avez ma parole»
-« oh ? »
tu m’crois pas ? tu veux essayer ?
· ensuite M.J, le sosie de Fidel Castro :
(tiens, c’est la journée des sosies aujourd’hui.)
Mlle m’envoie un message depuis l’accueil sur l’ordinateur :
‘’Fidel est arrivé et ça pue , c’est une infection’’.
Nous le soupçonnons de tirer sec sur le goulot. Je le reçois et effectivement, il foine. Ce n’est pas uniquement buccal, c’est entièrement corporel. Je remarque qu’il a coupé un peu de sa barbe. S’il avait pu aussi se laver, ne serait-ce qu’un peu…Et dans la bouche, c’est pas mieux. Il demande :
-« docteur, c’est quoi ça, là, qui me gêne ? »
-« de la plaque »
-« c’est pas du tartre ? »
-« nan, c’est de la crasse. En brossant bien, ça partira. Vous ne vous êtes pas brossé les dents ? »
-« non, j’ai pas mangé chez moi »
il m’énerve, c’est pas compliqué d’emmener sa brosse à dent au travail. Ou de se brosser les dents au cabinet juste avant le soin. J’ai installé un lavabo exprès et j’ai des patients qui le font. Je trouve ça respectueux pour moi et les en remercie.
La prochaine fois, j’t’lui file une brosse et je l’envoie se laver avant de le recevoir.
Je le soigne mais je suis obligée de lui répéter souvent d’ouvrir la bouche. Il referme régulièrement et trempe de salive le site de soin. Comment bien bosser avec un patient qui n’écoute rien ? j’ai l’impression qu’il s’en fout. J’ai beau lui expliquer ce que je fais et pourquoi je veux qu’il ouvre bien grand sa bouche, il me regarde et referme dès qu’il croit que je ne le vois pas.
C’est sûr, il fait exprès. Ou alors il est bête, tout simplement.
Pendant ce temps, j’entend mon assistante qui s’affaire à désodoriser la salle d’attente et l’accueil à grands coups d’air wick…
et dans la bouche de Fidel, ce serait pas un mal. Doit pas avoir de femme celui-là, pas possible, pas humain de supporter ça plus d’une demi-heure.
D’ailleurs, sa demi-heure est passée et j’ai terminé. Fidel s’en va et je me rue sur l’air wick pour vaporiser tout le cabinet. Mlle jette mon masque, j’ai l’impression que l’odeur y est incrustée.
· Puis vient une anglaise qui parle très bien français, c’est
assez rare pour être souligné. Elle est très sympa et propre, ça me change. Par contre, elle a une question bizarre : une de ses dents de devant est légèrement décalée des autres. Qu’y faire ? de l’orthodontie : se faire redresser les dents comme bon nombre d’ados, même si elle est adulte. Et elle me demande si l’orthodontiste le lui fera en un coup.
??? un coup…un coup de quoi ? de baguette magique ? voui, voui, un grand coup de massue et hop ! la dent est redressée…
mais non, voyons, il faut ‘’baguer’’ et le traitement prendra une bonne année, voire plus.
Z’ont de ces questions les gens, des fois.
· Ensuite, je reçois M.D :
Un autre crasseux pas très fin du ciboulot. Je dois dévitaliser une dent. Ça saigne énormément dès le début, je soupçonne qu’il a pris des cachetons. Il est le champion du cacheton. Quand il a mal aux dents, il avale un et un seul comprimé d’antibiotique et me soutient que ça va mieux. Ce qui est impossible car pour faire effet, il faut minimum 48 heures de prise d’antibio, à une certaine dose. Un anti-bio ne se prend pas n’importe comment, ce n’est pas un antidouleur ; ça se prend en cure de quelques jours, en fonction de la dose et des bactéries que l’on veut éradiquer. Donc de la pathologie que l’on veut combattre.
A quand un anti-bio anti-connerie ?
Donc je demande :
- « vous avez pris des médicaments contre la douleur ? »
- « oui »
- « lequel ? »
Il sourit mais il répond pas.
- « du doliprane ? »
- « non »
- « un paracétamol ? »
- « non »
- « de l’aspirine ? »
- « non »
- « de l’advil ? »
- « non »
bon, on joue pas aux devinettes, là. Tu vas me le dire le nom de ton médoc ? ch’uis sûre que t’as pris des anti-inflammatoires parce que ça saigne pas possible. Alors ?!
- « quel médicament avez-vous pris ? »
- « du nurofen. »
et t’es content…tu pouvais pas le dire ? les anti- inflammatoires font saigner. Alors quand on dévitalise, c’est le bazar. Faut pas en prendre avant de venir chez le dentiste. Et si j’avais du extraire ? on aurait passé la demi-heure à réaliser l’hémostase.
Bon, je finis par réussir à stopper ce maudit saignement. Je termine la séance, je suis en retard.
Il s’en va et nous désodorisons à nouveau le cabinet.
Dans quelques semaines vont arriver les chaleurs du printemps et avec elles, le retour des effluves corporelles. S’il vous plait, les gens, lavez-vous et mettez du sent-bon…
Au fait, aujourd’hui, c’était le printemps.

mercredi 19 mars 2008

Le dentier du siècle dernier : on en fait quoi ?

Hier, mon assistante s’est informée auprès du ronchon M.F afin de savoir s’il avait obtenu ses renseignements de sa complémentaire et s’il viendrait à son rdv de l’après midi.
Réponse négative, elle a donc annulé les rdv et donné la place à quelqu’un d’autre. Y en a marre d’attendre après lui.


Ce matin, un monsieur a appelé au sujet du dentier de sa maman de 95 ans ( la maman, pas le dentier…)
Il nous avait déjà contacté quelques jours auparavant pour nous annoncer que ça n’allait pas bien ( le dentier, pas la maman). Nous ne la connaissons pas, aucun dossier dentaire ni médical ni radio. Et à 95 ans, elle doit avoir toute la panoplie de médocs qu’on peut imaginer, avec quelques doublons ou médicaments en contre indication les uns avec les autres…ce problème arrive assez souvent : une liste de médocs longue comme le bras et un pauvre petit vieux qui, quand il les a tous pris, n’a plus faim pour le ptit déj. Alors souvent, il demande un truc, encore un, pour la digestion, l’appétit, la forme, le tonus etc…alors que parfois, alléger l’ordonnance ne ferait pas de mal. Le problème est que si le médecin ose diminuer la liste, il se fait incendier par le patient et la famille du patient. Car un bon médecin, ça doit scribouiller sur une ordonnance… C’est malheureusement, une idée trop répandue dans notre population d’hyper consommateurs de cachetons. Et lorsque le médecin prescrit un médoc dont la formule est identique à la gélule habituelle mais qui s’en distingue par son emballage, le patient se plaint qu’il ressent tous les effets secondaires, que le docteur patati patata, il ne l’a pas écouté, il lui a tout changé son quotidien, que depuis il ressent ceci cela. Du n’importe quoi mais c’est comme ça.
Voilà comment le petit vieux devient hyper drogué, la sécu se retrouve plombée et l’industrie pharmaceutique dorée. Et aussi comment le dentiste ne peut pas intervenir tranquillement tellement il y a de contre indications pour les soins. C’est alors un vrai casse tête, il faut vérifier la dizaine de médocs dans le vidal pour être sûr de pouvoir intervenir.
Pour en revenir à cette dame, le fils nous apprend qu’elle ne peut pas se déplacer de chez elle, que le dentier va mal et qu’il voudrait le faire réparer. Sans la patiente, ce ne sera peut etre pas possible mais j’accepte qu’il nous porte l’objet du délit afin, au moins, de lui donner un avis.
Et quel objet ! un dentier complet du bas dont la résine n’est plus rose mais marron comme le cuir de mes chaussures, rangé dans une boite en plastique, emmitouflé dans du coton. Quand Mlle a ouvert la boite, l’odeur qui s’en est échappée était telle que j’ai ordonné de refermer ce cachot de puanteur très vite. La prothèse ne se casse pas, elle se délite littéralement.
Mlle m’a demandé :
-« votre avis ? »
-« mon avis ? poubelle. »
J’ai personnellement été voir le fils pour lui donner mon avis : le dentier n’est pas présentable à un laboratoire de prothèse ( et donc encore moins à un dentiste…), il est dans un état lamentable et bon pour la benne à ordure. Il aurait fallu en faire un neuf dix ans auparavant.
Autrement dit, comment ce bonhomme n’a-t-il pas honte de présenter cet objet pour un dentier ? et comment n’a-t-il pas honte de laisser quelqu’un le porter ?
Il a bien compris le message et s’est retrouvé très gêné.
Mais qu’ont les gens dans leur tête ? ne se rendent-ils comptent de rien ? ou est-ce qu’ils s’en foutent ? y compris de leur propre famille ?

Ainsi est passée cette matinée. Quoi d’autre ? ah, c’est vrai, le ronchon a repris rdv pour dans quinze jours car il a reçu la réponse de sa mutuelle…affaire à suivre…

vendredi 14 mars 2008

Pierrot

Hier, j’ai donc reçu M.D pour son extraction.
J’ai décidé de le baptiser Pierrot.
Donc Pierrot sonne ( deux fois de suite) et entre avec sa dame. Mlle lui demande sa carte vitale, ce qu’elle fait à chaque patient car il faut un temps infini (parfois jusqu’à huit minutes !!! aux gens pour trouver leur carte verte.).
- « d’abord, elle travaille, je la paierai après » déclare-t-il, méfiant.
Comme si j’allais faire semblant de lui extraire sa ratiche…en plus, la carte vitale ne sert pas de moyen de paiement mais au remboursement.
L’assistante insiste et les deux petits vieux décident que madame retourne à la maison chercher la carte demandée.
- « tu viens avec moi » demande-t-elle à son mari.
- « non, lui, il reste ici et vous, vous retournez à la maison » oblige Mlle.
Ben, oui, parce que s’il est à la maison , le Pierrot, comment fais-je pour lui retirer sa quenotte ?
Donc il reste, elle part.
Je le reçois et là ça démarre.
- « vous voulez le papier du rdv ? »
- « non merci, je n’en ai pas besoin. »
si t’es là, c’est que t’avais rdv, j’ai pas besoin de voir ton carton d’invitation.
- « si vous voulez je peux vous le montrer. »
- « non, ce n’est pas la peine. Je sais que vous avez rdv. »
Il serre sa sacoche contre lui et observe le fauteuil.
Voui, c’est là que tu t’assois. Allez, on y va.
Il recule.
Ben, non, il y va pas.
- « vous allez me l’arracher ? »
- « oui »
- « mais…y a la racine au bout »
c’est comme les patates, y a la racine avec…bon, tu t’assois, oui ?
- « oui, je vais tout enlever. »
- « vous croyez ? »
- « oui. Venez vous asseoir » dis-je patiemment.
Il s’avance jusqu’au fauteuil avec sa sacoche bien en main. Il va s’asseoir ! ça y est , il y est presque ! afin de l’aider, je le débarrasse de sa sacoche que je pose sur le bureau.
Zut !
Le voilà qui se relève et va la chercher. Il me fait face et l’ouvre. Il en sort un grand mouchoir normalement bleu mais plutôt marron et le déplie pour en révéler : son dentier ; l’espace d’un instant, il me fait voir son appareil dentaire ( qui forcément m’intéresse puisque c’est mon taf) en me regardant droit dans les yeux, l’air de dire « tu le vois mon dentier ? et ben, tu le verras plus ». Puis, lentement, il fourre le fameux objet dans la sacoche qu’il repose sur le bureau et garde son mouchoir crasseux en main. Tout cela, sans me quitter de ses grands yeux. Au cas où je tenterais de lui faucher son ratelier.
Enfin il s’approche du fauteuil.
- « installez-vous ».
Il s’arrête :
- « vous le voulez, le papier du rdv ? »
- « non merci. Venez vous asseoir… »
il approche, il approche, ça y est, il est assis ! victoire !
- « et vous allez tout me l’arracher ? »
- « oui »
- « mais la racine aussi ? »
- « oui »
- « et vous allez me faire la piqûre avant ? »
- « oui »
- « mais vous allez endormir la place avant, hein ? »
??? endormir la place ? quelle place ?
Je le fais répéter. Je comprend alors qu’il veut la crème avant anesthésie comme les gamins.
- « vous allez endormir la place ? » répète-til.
- « oui »
- « parce que je les crains les piqûres, hein, je les crains. »
Je décoche l’anesthésie vite fait bien fait, je saisi la dent avec une compresse et tire un coup sec. Plus de dent en place. Je le fais mordre sur une autre compresse pour réaliser l’hémostase. Il continue à tchatcher mais c’est incompréhensible.
- « ggnnn, gnn, gnnn ? » je pige rien.
Sur l’ordinateur, il y a un message de l’assistante : ‘’ sa femme vient de repasser devant la porte du cabinet mais ne s’est pas arrêtée. Elle cherche… ‘’
Bah, arrivée au bout du trottoir, elle fera bien demi-tour, non ?
Je donne les recommandations d’usage à Pierrot en remontant le fauteuil. A ce moment là, madame entre dans le cabinet sans frapper.
Salut, fais comme chez toi, prends une chaise.
Pierrot se lève et me pose des tas de questions avec la compresse dans la bouche. Comme je n’y comprend rien de rien, il l’enlève mais, à cause de l’anesthésie, ce n’est pas vraiment mieux.
- « ggnn gnn la ‘acine au’’i ? »
- « oui, j’ai tout sorti. La dent et la racine »
- « aahhh, ‘est ‘ien, ai ‘ien ‘enti ».
Pendant que je le fais régler, il me pose des questions que j’identifie concerner son dentier et auxquelles j’essaie de répondre du mieux que je peux avec les quelques mots que je réussis à capter. Je tente quelques coups d’œil à sa femme, attendant une aide de traduction mais rien ne vient ; elle reste muette. J’ai bien l’impression qu’il veut revenir. Il articule :
- « comme c’est bien, on revient »
je suis pas sortie de l’auberge…
il veut effectivement un autre rdv pour que je revois son appareil dentaire.
On va se marrer dans les prochaines semaines.
Avant de partir, Pierrot recommence ses questions. Un coup d’œil à l’assistante qui hausse les épaules en souriant. Je suis très ennuyée car il attend une réponse, ses grands yeux fixés sur moi. C’est totalement incompréhensible. Je le congédie doucement.
Juste avant de sortir, il redemande si j’ai pensé à sortir la racine avec la dent…
Mlle est pliée de rire.
- « ne vous marrez pas trop, il est capable de revenir dans cinq minutes. »

Cet épisode, c’était hier.
Et ce matin ? deux coups de sonnette résonnent.
- « c’est Pierrot » dis-je à Mlle.
- « non ? vous croyez ? »
elle ouvre la porte qui va à l’accueil :
- « gagné »
- « bonjour, vous avez pas trouvé ma carte bleue ? »
- « non. Vous avez payé par chèque hier »
- « et ma carte bleue, vous l’avez pas trouvée ? »
- « non. »
- « ah ? …j’ai pas eu mal du tout. Et elle a bien sorti la racine ? »
- « oui, elle a TOUT sorti. »
- « vous voulez pas regarder ? » propose-t-il à l’assistante.
- « non. Vous avez mal ? »
- « non, non. J’ai pas mal du tout. Je suis très content. Je vais parler d’elle, hein, vous pouvez lui dire, hein. Et ma carte bleue ? vous avez pas trouvé ma carte bleue ? »
- « non, je ne l’ai pas trouvée »
Finalement, il s’en va chercher ailleurs. Demain, c’est samedi, c’est fermé, pas de risque qu’il se re-pointe. Mais lundi ?

jeudi 13 mars 2008

En panne de turbine

Voilà, ma turbine neuve de 7 mois refuse de démarrer après une semaine de congés. Que faire ? si je l’ouvre, le vendeur me le reprochera et ne voudra pas faire marcher la garantie. En même temps, je pense qu’il s’agit d’un petit joint qui a séché et qui coince le roulement. Tant pis, j’appelle le vendeur HS. Il envoie un coursier chercher la turbine, je dois l’empaqueter dans une enveloppe à bulles. J’en ai une dans un tiroir, elle porte déjà une étiquette de chez MGD mais si je la raye et que je note les coordonnées du vendeur HS, ça devrait aller. On raye l’ancienne adresse au marqueur noir indélébile.
Le coursier est prévenu que le colis est prêt et qu’il faut l’envoyer au vendeur HS.
Le vendeur HS est prévenu.
Le coursier passe. Il emporte le colis. Il nous assure qu’il connaît la destination du colis.
Le lendemain, le colis revient. De chez le vendeur MGD.
??? qu’est ce ma turbine a été faire chez MGD ? Mlle ouvre le colis. Rien n’a été fait, à part promener ma turbine.
??? elle appelle HS : z’ont pas vu passer notre colis.
Elle appelle MGD : z’ont vu passer le colis mais nous l’ont renvoyé car savaient pas quoi en faire.
Tu m’étonnes, ils n’ont rien à y voir.
Elle appelle le coursier : plutôt que de lire l’adresse de HS inscrite en grand sur l’enveloppe, il s’est bien appliqué à déchiffrer l’ancienne adresse masquée au feutre noir. Et il a envoyé le colis à l’adresse rayée.
Y font exprès ? z’ont que ça à faire ?
On a refait le colis aujourd’hui, avec une nouvelle enveloppe.
Je sais pas pourquoi, j’ai un mauvais pressentiment…

mardi 11 mars 2008

Suite des ronchonneries :

Dès que le cabinet a été réouvert (et pris d’assaut…c’est fou ce qu’on leur a manqué pendant une semaine), M.F, notre champion de ronchon, est revenu nous porter un fax indiquant que le devis refait ne convenait toujours pas à sa complémentaire. Et pour cause : il a renvoyé le vieux devis ( ! ), pas le dernier mis à jour.
Ah, si seulement, il avait jeté le vieux, il ne s’y serait pas mélangé les pinceaux…

jeudi 6 mars 2008

Fabrice et le dentifrice.

Fabrice est un jeune homme de 21 ans et …toutes ses dents ?
Ça, pour le savoir, il faudrait les voir. Et l’autre jour, je n’ai pas pu. Non qu’il aie refusé d’ouvrir la bouche. C’est moi qui la lui ai refermée de force.
Si !si !
Il consultait car ses gencives saignaient. Et comme il avait peur que ce soit le signe du début d’une grave maladie, il avait stoppé tout brossage.
Quand il a ouvert, l’épaisseur de crasse ( une pareille quantité ne peut être qualifiée de plaque mais de crasse) m’a effrayée et j’ai vite refermé cette antre bactérienne de peur que des bêtes sortent de là dedans et ne me dévorent toute entière.
Vous imaginez les gros titres ? :’’ une dentiste liquéfiée par les bactéries buccales d’un de ses patients’’…
Et devinez depuis combien de temps il ne s’était pas brossé les dents ?

Combien de temps pourriez-vous tenir, vous ? trois jours ? une semaine ? ok, en camping sauvage, je tiens trois jours. Pas plus, je peux pas. Et lui ?
Un mois ! un mois !!!
Plus vous laissez de plaque, plus les gencives s’irritent, plus elles gonflent et saignent. C’est une gingivite. Imaginez au bout d’un mois !!!
J’ai prescrit brosse à dent, dentifrice, bain de bouche, à faire tous les jours.
-« pendant combien de temps ? »
-« tout le temps, tous les jours, toute l’année »
-« dans quel sens faut-il brosser ? »
-« tous les sens, Fabrice, tous les sens. Surtout frotte bien, y a de quoi ».
Vue l’odeur que tu dégages, t’es pas près de trouver femme…

mercredi 5 mars 2008

Un monument de ronchonnerie à lui tout seul: M.F

Episode 1 : Quand Mlle rencontre M.F.

M.F est un ronchon comme on n’en fait plus. Enfin, j’espère.
Un jour, M.F se présente à son rdv, découvre l’assistante toute neuve et se dit probablement que puisqu’elle débute , il est temps de la bizuter. Et il lui assène :
-« tenez, c’est ma liste de médicaments, notez cela dans mon dossier », en lui tendant son ordonnance médicale. Mon assistante n’est pas formée à cela et ce n’est pas son travail. C’est au docteur de compléter un dossier médical , pas à une assistante.
-« non, monsieur, le docteur le fera tout à l’heure »
quel outrage ! quelle outrecuidance ! il s’ écrie alors :
-« mais à quoi vous servez vous ici alors ? »
-« je fais mon travail, monsieur et cela n’est pas mon travail »
Là, je vois rappliquer mon assistante avec la tronche de je-viens-de-m-engueler-avec-un-con-à-l-accueil ; elle me rapporte l’altercation. Je souris.
Et la première chose que lui me dit en entrant est :
-« à quoi elle sert celle là, ici ? elle n’a pas voulu noter mes médicaments dans mon dossier »
Bien, ils ont fait connaissance et je vais pas les marier , ces deux-là.
Je calme le vieux ronchon en expliquant sans relever la remarque désobligeante qu’il est bien connu de mon cabinet et que toutes les informations médicales importantes sont déjà notées.
-« mais c’est que c’est très important, vous savez, tout ces médicaments que je prends. Vous le savez, docteur ? »
non, non, j’exerce au pifomètre, pourquoi ?

Episode 2 :l'ordonnance.


Quelques séances suivantes, M.F et Mlle sont toujours autant amoureux l’un de l’autre. Je prescris des médicaments à M.F en vue d’une intervention banale. Comme c’est un inquiet, j’explique, cliché radio à l’appui, ce que je ferai, pourquoi, comment, je répète le tout quatre fois. Au bureau, je re-explique l’ordonnance que j’ai imprimée car, à l’instar de mes confrères, je n’ai pas une écriture lisible. Ce n’est pas non plus indéchiffrable, les gens parviennent à me lire la plupart du temps. Mais je prends des précautions avec ce vieux môsieur et comme le rdv suivant est planifié plusieurs semaines plus tard, j’inscris donc à la main, au bas de l’ordonnance, des commentaires : prendre tel médicament à telle date, tel autre tel jour.
M.F se met à tortiller sur la chaise.
Diable, quelque chose ne va pas. Il va piquer sa crise.
Il devient blanc puis rouge puis enrage :
- « vous pourriez imprimer quand même ! qu’est ce qui est écrit ? »
- « la même chose que ce que je vous ai expliqué cinq fois maintenant. »
- « oui, je lis, je lis, mais c’est pas évident pour moi de comprendre »
- « c’est pour cela que j’explique »
- « oui mais c’est pas évident pour moi de retenir »
- « c’est pour cela que j’écris »
- « pourquoi vous n’imprimez pas ce que vous écrivez ? »
- « c’est une ordonnance, elle est imprimée ; le reste n’est pas imprimé car ce sont des commentaires que j’écris juste pour vous être agréable. »
J’attends, il ergote, il rouspète.
ça monte , papi, ça va pas tarder à péter, si tu me cherches, tu vas me trouver.
- « mais quand même, vous pourriez faire un effort… »
- « écoutez, M .F, j’ai fait suffisamment d’efforts comme cela ; cela fait un quart d’heure que je vous donne des explications mais ça ne vous va pas. Alors, voilà, ce que nous allons faire : vous allez aller vous faire soigner dans un autre cabinet, tester la patience et l’amabilité de mes confrères et puis vous reviendrez me dire si ça vous a plu ».
M.F est devenu tout blanc.
- « vous n’êtes jamais content de ce qu’on fait pour vous, il faut toujours que vous trouviez à redire. »
- « non, non, ce n’est pas la peine ».

M.F se lève, je lui donne le choix de revenir ou pas ; mais s’il décidait d’aller essayer ailleurs, qu’il ait la politesse d’annuler son rdv chez nous. Merci.
- « ici ou ailleurs, c’est pareil, le personnel de nos jours… »
- « je ne suis pas votre personnel, M.F, je suis une praticienne qui en a marre de vous. »

Fin de la discussion .
Au rdv suivant, il est doux comme un agneau.

Episode 3 : M.F revient mettre l’ambiance…

Puis M.F eut besoin d’un devis ; je le fis mais il ne convenait pas à son organisme de complémentaire. Gentiment, j’acceptais de le refaire avec plus de détails bien que je n’y sois pas obligée et que je puisse envoyer balader cet organisme.
Seulement, M.F nous avait laissé le courrier de la complémentaire et, comme ça encombrait mon bureau, je l’ai jetée. Après tout, ce n'était qu'une banale lettre administrative, du blabla qui demandait un peu plus de précision concernant le devis, rien de vraiment important.
Erreur, erreur…
Donc M.F est arrivé et il récupère son devis. Evidemment, il demande son courrier. Mlle respire puis répond que nous l’avons jeté à la poubelle. Il n’avait pas précisé qu’il souhaitait le récupérer. Ça y est, c’est la crise. Je sors du cabinet avant que mon assistante ne le bouffe tout cru.
Il s’énerve :
- « ça va pas, non ? il ne faut jamais jeter un courrier ! c’est très très important ! un courrier , ça se conserve au moins cinq ans ! ou dix ans !»
Il gesticule dans tous les sens, faisant aller les bras de haut en bas, de bas en haut. C’est qu’il a la forme pour un retraité …
en même temps, ton courrier, si t’as réussi à l’envoyer une fois, tu devrais y arriver une deuxième et avec un peu de chance, le facteur devrait aussi réussir à le distribuer au bon endroit et encore avec un peu de chance, comme y a ton nom sur le devis, les secrétaires de la complémentaire devraient réussir à t’identifier. Surtout que toi, t’écris bien.
Je ne lui répond pas, je me tourne vers Mlle pour lui donner des indications concernant un autre travail qu’elle a à faire. Il s’énerve tout seul, gesticule, parle fort. Soudain, une pause, il s’arrête. Je me retourne avec l’air surpris
tiens , t’es encore là, le ronchon ?
Il doit être fatigué, j’en profite pour lui asséner le coup de grâce :
- « j’annule le rdv de mars, M.F »
boum, il devient blanc.
- « comment ? »
- « j’annule le rdv de mars. »
- « aahhh ??? mais pourquoi ? »
Je savoure un instant.
ch'uis sympa ou pas? j't'tend une perche pour te rattraper?
- « ben, vu que vous n'aurez pas la réponse pour le devis, le mieux, c’est d’annuler le rdv et de reporter »
raahh, ch’uis trop bonne pâte, ça va me revenir dans la figure, ça
- « mais si je vous appelle le matin pour l’après-midi ? »
- « ben, non, car votre place, on va la donner à quelqu’un d’autre ».
ça, ça lui fout la trouille : elles vont filer ma place à un autre !
-« mais si je vous donne la réponse la semaine prochaine ? »
Mlle répond que la semaine prochaine nous serons absentes puisqu’en vacances…erreur, erreur.
Je lui pardonne, elle est encore toute nouvelle dans le métier et n’en connaît pas les ficelles.
Et voilà M.F reparti en gesticulations :
- « quoi ? qquuuoooaaaa ? vous prenez des vacances ? »

mouais, du temps libre et tranquille où on t’entend plus gueuler parce que la lune ne s’est pas levée du bon coté….
Finalement, j’ai décalé son rdv d’une semaine. Beaucoup de mes confrères l'aurait sorti, peut être aurais-je dû moi aussi. La suite nous le dira.
Mlle et moi l’avons laissé râler tout seul à l’accueil à propos des vacances des praticiens médicaux.
Il y avait M.S dans la salle d’attente qui a tout entendu. Inquiet, il est venu demander à l’assistante si ça allait. Nous l’avons rassuré en rigolant. Nous avons l’habitude maintenant. Celle qui est à plaindre, c’est la femme de M.F…

Dernier jour avant congés: une journée dans le désordre.

Vendredi :
Ce matin, le premier rdv prévu est un moine.
Hé oui, encore un. Il y a un monastère pas loin, qui accueille des moines et puis aussi d’autres gens en mal de société et qui se retirent pour réfléchir. Et puis d’autres aussi qui sont là pour se faire un peu oublier. Mais cela ne me regarde pas, je suis là pour soigner, pas pour juger la vie privée de qui que ce soit.
J’arrive à 9h.
Le moine est là, devant la porte, juste tout devant la porte, la guettant comme pour ne pas qu’elle s’échappe. Il porte un carton plat imprimé « Amazon.fr », je suppose que c’est sa sacoche…ça donne un genre, à la fois moderne et dépouillé…
Je le salue, entre dans le cabinet et débusque l’assistante, planquée :
-« ça fait dix minutes qu’il a sonné mais il ne rentre pas » m'explique-t-elle. Bizarre, cette manie, me dis-je ; pourtant j’ai bien affiché une pancarte « sonnez et entrez » sur la porte.
Je me change, prépare la journée de travail. Finalement, il entre. Il se présente. En fait, c’est un moine écossais. Rien de plus à dire, c’est un patient normal, malgré tout.


13h45 :


j’ai des papiers à faire. Mais Monsieur. I. est déjà là.
Au dernier rdv, M.I est arrivé avec une demi heure de retard ; je l’ai rappelé gentiment à l’ordre. Aujourd’hui, il est donc en avance. M.I n’a pas un physique facile, style le nounours du bêbête- show. Mais il n’y est pour rien ; je ne me moque pas du physique des gens, je déteste cela. Mais M.I n’a pas non plus l’intelligence facile. Il pourrait faire un effort. Il n’entrera dans le cabinet qu’à 14h10.

Pourquoi a-t-il poiroté dix minutes sur le trottoir ? je ne sais pas.

La suite est un vendredi après-midi plein d’imprévus et de joies et de bonne humeur, comme tous les vendredis avant les vacances :

Mme C, qui sent que notre semaine de congés approche a téléphoné deux fois pour être vue cet après midi. D’un coup, d’un seul, ça presse, ça presse. Nous n’avons plus de place. On la rappellera si on peut la recevoir.

M.P doit venir en urgence à 14h45, il se pointera à 15H45. youpi le planning !

M.J, décoré de la barbe à Castro, vient fier de lui sans s’être brossé les dents (!) car il a mangé au resto avec des copains à midi. Et donc il a pas pu rencontrer une brosse à ratiches avant 15h. Et il est fier comme tout de puer de la gueule. Il restera 15 minutes, maximum de ce que peut filtrer mon masque. Je demande à Mlle de contacter Mme C qui, elle, est propre.

Puis Mme E je-suis-née-de-mauvaise-humeur consulte pour la première fois : elle a quitté son ancien dentiste il y a deux mois mais refuse de me dire pourquoi.
Indice de confiance en cette nouvelle patiente : - 28. Autrement dit, ma vieille, tant que tu seras ni plus aimable ni plus claire, je te botterai en touche.

Les autres sont normaux, oui, ça arrive quand même la plupart du temps.

Le dernier est M.L à qui je fixe son bridge ce soir, aboutissement d’un travail de trois mois. Il avait des quenottes affreuses, maintenant le voilà tout beau, presque un acteur de cinéma. Presque.
Et quoi ça ? il a oublié son chéquier…tiens, donc ? c’est pas comme s’il était pas averti, qu’on avait pas tout planifié depuis des semaines. Je le regarde avec l’air de dire : celle-là, je la connais, tu vas pas t’en sortir comme ça.
Finalement, il a celui de l’entreprise. Ben, ça ira très bien.



Au cours de la matinée, nous avons aussi reçu la visite de M.F. Mais comme c'est un patient particulier, il mérite un message rien qu'à lui. A suivre.

mardi 4 mars 2008

Le jeudi, les gens croient que le dentiste, c'est gratuit.

Jeudi :
ce matin, je me dis que je vais faire des papiers de 9 à 10 puisque le premier patient arrive à 10h.
Mlle arrive en même temps que moi et là , en regardant le reflet dans la porte d'entrée, elle m'annonce que mme L vient de descendre de sa voiture et fonce droit sur nous. oh? c'est vrai? déjà? mais on a pas encore ouvert le cabi....trop tard, ben , ouais, c'est vrai. Elle est là. Peut être a-t-elle dormi dans la voiture pour nous attendre…
Mme L me colle pour m'expliquer que sa dent, ça va toujours pas. Donc ce matin , elle recommence comme lundi : les antibio commencent à faire effet, même si elle refuse de l'admettre, mais elle a encore mal. c'est compréhensible mais l'humain n'est pas une machine informatique et il faut du temps pour soigner et guérir.
donc ça fait mal. Qu'y puis-je? donner des anti inflammatoires? ben, non, elle supporte pas. Toucher à la dent? ben non, elle supporte pas. Un petit coup de bistouri? ben, non, ça fait mal. Donc je lui re explique qu'il faut attendre que les antibio fassent effet. Ca ne fait que quatre jours qu'elle les prend. Alors elle s'en va et nous pouvons ( enfin!) nous dire bonjour, nous changer, mettre en route les machines. ouf!
14h: mme B:
« je peux vous payer quand j'aurais été remboursée? »
« euh, oui, vous me laissez un chèque en gage? »
« non, je n'ai pas de chéquier »
ah. donc je te fais rembourser et pis, j'attend patiemment que tu veuilles bien me payer. bonjour, l'arnaque.
« bon, ok, mais vous me signez une reconnaissance de dette. »
marrant non? on va chez le dentiste sans fric. on paiera plus tard.et au superU, elle fait comment?
14h30: mme D:
je lui fixe un tenon et une belle couronne en céramique à la place de sa dent toute moche qu'elle avait avant.
Ce n'est pas de la magie, tout est prévu depuis un mois, elle a demandé elle-même que sa dent soit embellie. Je lui ai déjà fait un devis, qu'elle a signé.
Je lui demande donc de me payer ce qu'elle doit, comme prévu au devis.
" ça fait cher, c'est plus que ce que je croyais..."
"c'était ce qu'y avait sur le devis. vous vous souvenez du devis?"
" oui mais j'avais pas compris que ça faisait si cher"
"???? c'est écrit sur le devis....et ça fait un mois qu'on y travaille..."
"mais je croyais pas que c'était une VRAIE couronne"
"??????"
là, je la regarde, je répond rien car en ce moment je suis très fatiguée et j'ai moins la réponse tranchante comme d'habitude.
donc je m'asseois et je lui dis que je ne fais que des vraies couronnes.
j'aurais du répondre que pour la couronne de la galette des rois, c'était deja passé mais ça m'est pas venu à l'esprit de suite...

ensuite, la secrétaire d'un organisme à qui j'ai mailé une question appelle. elle veut me donner la réponse.
l'assistante:
"ben , non, le docteur est en soins"
"oui mais elle a posé une question par mail, je veux lui donner une réponse de vive voix"
" ben ,vous rapellerez"
"non, tout de suite"
"ben, non, elle est en consultation"
"ah? alors je réponds par mail?"
" ça pourrait être une bonne idée en effet".
le contenu de la réponse? nous ne pouvons répondre à votre question car nous ne sommes pas habilités à gérer ce genre de question. Autrement dit, elle voulait m'interrompre dans mon travail, avec un patient le bec ouvert, pour me dire qu'elle ne pouvait rien me dire...



plus tard:
je discute avec une amie que je viens de soigner, N, au bureau. un vieux entre et je l'entend saluer l'assistante:
" bonjour, madame. c'est madame ou mademoiselle?"
je me dis , là, l'assistante , elle va rappliquer dans le cabinet avec une drole de tronche. je commence déjà à me marrer. je le dis à N et au même moment Mlle entre, la tronche-que-j'en-crois-pas-mes-oreilles:
"il veut qu'on lui enlève sa dent, là, de suite, sans rdv. et il veut savoir si vous vous etes améliorée?"
moi, explosée de rire: " répondez que non. je suis une vraie calamité"
avec N on discute: ce doit etre le vieux D, celui qui met ses gants Mapa l'hiver pour pas avoir froid aux mains. Il en a une paire pour aller au poulailler, une paire pour aller aux comissions mais des fois, il mélange un peu...
tu crois? oh, non, pas lui.
il a commandé chez N un buffet froid pour ses 50 ans de mariage, est allé voir tous les jours pour savoir si c'était prêt et au dernier moment leur a dit que finalement il prenait que les légumes car ça faisait trop cher avec la viande!!!!
Sa mamie était venue me voir un jour pour que je répare gratuitement la connerie d'un confrère. je lui avais rendu service une fois en lui expliquant que ce n'était que tremporaire, qu'il fallit qu'elle retourne chez mon confrère.
voui, mais le confrère, elle voulait pas le payer. donc elle voulait que ce soit moi qui continue et que je fasse pas cher et joli.
j'avais fini par la virer.
" oh! vous voulez pas? oh, je croyais que vous étiez gentille"
" ch'uis pas gentille, ch'uis dentiste"
un jour, le vieux s'était pointé au cabinet, avec son sac de course à roulette, était entré et s'était installé au bureau, comme ça , histoire de taper la causette. pis il était parti chez lui et était revenu au cab chercher son journal . en fait, il l'avait oublié au supermarché à coté. mais il me croyait pas, il croyait que je lui avais piqué!!!! il avait cherché son journal partout dans le cabinet...
tu crois que c'est lui? non, il va pas se repointer...ben, si , c'est lui. il me voit et essaie de passer avant la dame qui a rdv.
" y faut un rdv?"
"ben oui"
"même pour se faire enlever une dent?"
"ben oui"
Mlle réussi à lui coller un rdv dans 15 jours . ouf!

suivant: un moine américain que je vois en urgence. son frère français me dit:
" il vient au rdv d'urgence; mais il a pas d'argent pour payer. ça vous ennuie de nous envoyer la facture?"
encore!!! mais qu'est ce qu'ils ont tous aujourd'hui?
" d'habitude, je soigne, le frère paie et je donne la feuille de soins pour le frère trésorier"
" oui mais lui, il a pas d'argent"
et tu veux que je le soigne gratos...mouais, je sens l'arnaque arriver.
à ce moment là, le moine étranger demande si c'est bien ici pour le rdv chez le dentiste
non, non, c'est écrit atelier de clown sur la plaque dehors et moi je suis déguisée.
" ah, bon, vous allez chez le dentiste sans prendre votre argent, vous? bon , il reviendra quand il aura des sous, alors "
et je me casse en rigolant. j'en ai marre qu'ils me prennent pour une bille.
" bon, bon, d'accord, je vais au distrib en face retirer de l'argent"
tiens, il a compris tout seul? une illumination sûrement.
en fait, le moine malade se barre dans deux jours aux USA, alors mon paiement, j'aurais pu attendre longtemps.

dimanche 2 mars 2008

Lundi matin 8H55: panne d'électricité.

On entame une nouvelle semaine pleine d’aventures rocambolesques et qui démarre sur les chapeaux de roues : panne générale d’électricité.
Pas de bol, pas de jus.
Mais, Mme L, elle, est là , sans rdv mais avec un bel abcès.
Pas de jus égale pas d’ordinateur, pas d’agenda, ni de téléphone ni de machine.

EDF est averti, ils s’en occupent. C’est à dire une journée de foutue avec du travail qu’il faudra recaler dans le reste de la semaine.
Mme L se colle à moi. Devant son mari, ça me gêne. Elle a consulté au cabinet de garde ce week-end. Mais ça ne va pas du tout. Les médicaments prescrits ne font pas effet. D’ailleurs, elle ne les a pas pris de peur que ce ne soit pas les bons.
tu m’étonnes qu’ils fassent pas effet les médocs. Et puis ma consoeur, elle est quand même pas plus cloche que moi, elle a prescrit ce qu’il fallait.

- "vous êtes sure?"
- "voui, je suis sûre que ce sont les antibio les plus adaptés à votre cas."
J’écoute, je constate, j’explique : nous n’avons pas d’électricité, je ne peux rien faire.
Même pas une radio ? avec quelle énergie ? supramoléculaire ? je suis pas wonderwoman.
Et que faut-il faire ? c’est intouchable pour l’instant , il faut attendre que les antibiotiques fassent effet.

Pour cela, le mieux , c’est encore de les avaler. Parce que depuis leur petite boite, ils sont moins efficaces.
Et sinon ? elle me colle, elle me colle…elle est accrochée à mes talons. Sinon ? un coup de bistouri dans la gencive pour drainer l’abcès. Ça , même sans électricité, je peux le faire. Non ? ah, bon. Tant pis, elle va attendre un peu finalement.
La panne d’électricité durera jusqu’à l’après midi. Journée de travail anéantie.
Mlle rappellera tous les patients le lendemain pour recadrer les rdv.
Réponse à ce sujet de Mme E :
- « vous auriez pu m’appeler, je suis venue pour rien »
- « toutes nos excuses, madame, ce n’était pas prévu. Nous n’avions rien pour vous prévenir, ni agenda, ni nom, ni numéro. »
- « je suis dans l’annuaire »
- « sans électricité, le téléphone ne marche pas non plus »
- « ce n’est pas mon problème ».
Merci de nous le rappeler.

samedi 1 mars 2008

Les raisons de ce blog: pour voir comment c'est de l'autre coté du masque

Cher lecteur, bonjour.
Je me nomme Apolline, en référence à ma sainte patronne.
Je t’invite à passer quelques paragraphes en ma compagnie et ainsi découvrir l’envers du décor de ma profession.
Que fais-je ? quel est donc ce métier ? on le qualifie de barbare, on le craint, on le déteste. En fait, il n’est pas si ignoble.

D’un point de vue cynique, je pourrais le définir en ces termes : il consiste à faire flipper les gens contre rétribution. Les jeunes, les vieux, les grands, les gros, les forts ou les faibles ; aussi bien les hommes que les femmes, les blancs, les noirs et les autres, sans aucune préférence. Et les enfants ? je m’en charge aussi, non que j’aime particulièrement leur faire subir cela mais si on me paie pour le faire, alors je le fais. Après tout, il faut bien gagner sa vie.
La plupart du temps, les gens sont inquiets en arrivant ; ceux qui souhaitent rester (je ne force personne) s’allongent et me laissent faire. Puis ils s’en vont, souriants. Finalement, ça ne leur a pas tant déplu. Il y en a même qui reviennent. La plupart, en fait, revient. Mais ils sont tous contents quand ça s’arrête.
D’un point de vue humaniste, mon métier est de soigner ces gens. Comment ? quel endroit ? Songes à ce que l’on peut te faire de pire, lecteur. Ce que tu redoutes le plus, physiquement, ce qui te fait le plus frémir. Je te donne un autre indice : on ne me connaît pas, mais tout le monde me déteste.
Alors, tu as trouvé ? non, je ne suis pas gendarme. Je suis dentiste.
Et c’est bien parce que tout le monde me déteste que j’ai voulu essayer de te faire partager mon quotidien. Afin que tu réalises que moi aussi, je suis humaine, moi aussi j’angoisse de te rencontrer. Non que je ne sache quoi te faire mais simplement que si tu vas devoir me supporter, dis-toi que moi aussi, je vais devoir te supporter. Alors je t’emmène avec moi,
pour que tu vois comment c’est de l’autre coté du masque.
J’achève cette introduction en plantant succinctement le décor.
Je travaille sur rendez-vous, sauf cas d’urgence, évidemment. Je suis épaulée par une assistante, toute nouvelle dans ce métier, que nous nommerons Mlle.
Ma localisation importe peu, tout comme la datation de mes aventures.
Pour des raisons de secret médical, aucune identité ne sera révélée et très peu de détails techniques donnés.

Car ce que je vais te raconter est vrai, sans exagération ( il n’y en a pas besoin).
Tout ce qui suit est réel, je n’invente rien, je ne fais que rapporter.


Enfile ta blouse, on va au charbon. ( et vu l’état de certaines bouches, c’est rien de le dire.)