Vendredi :
Ce matin, le premier rdv prévu est un moine.
Hé oui, encore un. Il y a un monastère pas loin, qui accueille des moines et puis aussi d’autres gens en mal de société et qui se retirent pour réfléchir. Et puis d’autres aussi qui sont là pour se faire un peu oublier. Mais cela ne me regarde pas, je suis là pour soigner, pas pour juger la vie privée de qui que ce soit.
J’arrive à 9h.
Le moine est là, devant la porte, juste tout devant la porte, la guettant comme pour ne pas qu’elle s’échappe. Il porte un carton plat imprimé « Amazon.fr », je suppose que c’est sa sacoche…ça donne un genre, à la fois moderne et dépouillé…
Je le salue, entre dans le cabinet et débusque l’assistante, planquée :
-« ça fait dix minutes qu’il a sonné mais il ne rentre pas » m'explique-t-elle. Bizarre, cette manie, me dis-je ; pourtant j’ai bien affiché une pancarte « sonnez et entrez » sur la porte.
Je me change, prépare la journée de travail. Finalement, il entre. Il se présente. En fait, c’est un moine écossais. Rien de plus à dire, c’est un patient normal, malgré tout.
13h45 :
j’ai des papiers à faire. Mais Monsieur. I. est déjà là.
Au dernier rdv, M.I est arrivé avec une demi heure de retard ; je l’ai rappelé gentiment à l’ordre. Aujourd’hui, il est donc en avance. M.I n’a pas un physique facile, style le nounours du bêbête- show. Mais il n’y est pour rien ; je ne me moque pas du physique des gens, je déteste cela. Mais M.I n’a pas non plus l’intelligence facile. Il pourrait faire un effort. Il n’entrera dans le cabinet qu’à 14h10.
Pourquoi a-t-il poiroté dix minutes sur le trottoir ? je ne sais pas.
La suite est un vendredi après-midi plein d’imprévus et de joies et de bonne humeur, comme tous les vendredis avant les vacances :
Mme C, qui sent que notre semaine de congés approche a téléphoné deux fois pour être vue cet après midi. D’un coup, d’un seul, ça presse, ça presse. Nous n’avons plus de place. On la rappellera si on peut la recevoir.
M.P doit venir en urgence à 14h45, il se pointera à 15H45. youpi le planning !
M.J, décoré de la barbe à Castro, vient fier de lui sans s’être brossé les dents (!) car il a mangé au resto avec des copains à midi. Et donc il a pas pu rencontrer une brosse à ratiches avant 15h. Et il est fier comme tout de puer de la gueule. Il restera 15 minutes, maximum de ce que peut filtrer mon masque. Je demande à Mlle de contacter Mme C qui, elle, est propre.
Puis Mme E je-suis-née-de-mauvaise-humeur consulte pour la première fois : elle a quitté son ancien dentiste il y a deux mois mais refuse de me dire pourquoi.
Indice de confiance en cette nouvelle patiente : - 28. Autrement dit, ma vieille, tant que tu seras ni plus aimable ni plus claire, je te botterai en touche.
Les autres sont normaux, oui, ça arrive quand même la plupart du temps.
Le dernier est M.L à qui je fixe son bridge ce soir, aboutissement d’un travail de trois mois. Il avait des quenottes affreuses, maintenant le voilà tout beau, presque un acteur de cinéma. Presque.
Et quoi ça ? il a oublié son chéquier…tiens, donc ? c’est pas comme s’il était pas averti, qu’on avait pas tout planifié depuis des semaines. Je le regarde avec l’air de dire : celle-là, je la connais, tu vas pas t’en sortir comme ça.
Finalement, il a celui de l’entreprise. Ben, ça ira très bien.
Au cours de la matinée, nous avons aussi reçu la visite de M.F. Mais comme c'est un patient particulier, il mérite un message rien qu'à lui. A suivre.
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